Les jugements ordinaux de première instance portant sur des contentieux autour de l'homéopathie se suivent mais ne se ressemblent pas ! Fin 2018, en Champagne-Ardenne, deux généralistes signataires de la tribune contre les « fake medecines » publiée dans « le Figaro », ont écopé d'un avertissement ordinal – première sanction du genre – pour avoir dénigré l'homéopathie et manqué de confraternité (l'Ordre national faisant toutefois appel).
Cette fois, c'est une décision inverse qui est intervenue avec le rejet de la plainte du syndicat des homéopathes contre un médecin de Brive, également signataire de la tribune dénonçant les médecines alternatives.
Pour le Dr Marcel Lewin, président de l’Ordre des médecins de la Corrèze, cette décision rendue par la chambre disciplinaire de première instance doit beaucoup… à la plaidoirie efficace de l’avocat défendant le Dr Romain Abela, généraliste poursuivi (comme plusieurs dizaines de confrères) par le Syndicat national des homéopathes français (SNMHF).
Pas d'études scientifiques
« Le défenseur a rappelé l’absence d’études scientifiques, tout en reconnaissant l'effet placebo de ces granules dans des pathologies légères, confie le responsable ordinal. Des évidences ont aussi été soulignées comme le danger à détourner de leur traitement médicamenteux des patients atteints de maladies graves, ce dont a été témoin le généraliste poursuivi. Enfin, il ne s’agit pas de jeter l’anathème sur un médecin homéopathe, les qualités professionnelles des uns ou des autres n’étant pas en cause. »
De fait, la juridiction ordinale a estimé que les critiques « n'ont pas excédé les limites de la polémique et celles de la liberté d'expression » et ne contreviennent pas aux « exigences de confraternité », détaille « la Montagne » qui cite la décision. Quant à l'emploi du mot « charlatans », il ne qualifiait pas de confrère expressément, mais « mettait en garde contre certaines dérives », ajoute le quotidien local.
La Cour a ainsi relaxé le prévenu, qui s’est déclaré « satisfait et soulagé ». Le collectif FakeMed, qui soutient les médecins visés par des plaintes, exprime lui aussi sa satisfaction devant cette décision favorable. « Nous ne pouvons que nous en féliciter, souligne le Dr Mathieu Van Dessel, généraliste à Clichy, un des responsables du collectif. Ce jugement prouve que nous sommes dans le vrai. Nous sommes bien conscients qu’il y aura appel, que les procédures vont s’enchaîner à travers la France, que ce sera long, mais nous sommes optimistes sur la finalité ! Nous faisons bouger les choses, avec un seul objectif, celui de la protection des malades. »
Du côté du syndicat des médecins homéopathes, on reste très prudent sur l'issue de ces litiges. « Il va y avoir une multiplication des procès et des décisions différentes, nous ne faisons pas de commentaires, explique-t-on du côté du SNMHF. Ce qui nous préoccupe, c’est ce que va décider la Haute Autorité de santé sur le bien-fondé du remboursement. Nous restons sur nos positions et nous défendrons nos idées comme nos pratiques... »
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