À 34 ans, le Dr Florentin Noungouna, médecin généraliste tout juste thésé, s’apprête à s’installer dans la jeune commune bretonne de quelque 4 300 âmes de Beaussais-sur-Mer (Côtes d’Armor), née en 2017 des fusions de Plessix-Balisson, Ploubalay et Trégon. Un projet réfléchi avec les professionnels de santé de la commune, qu’il connaît bien pour avoir effectué régulièrement des remplacements ces dernières années chez ses confrères généralistes. Ce sont eux qui l’ont aidé à s’installer.
« Je me suis toujours dit, en faisant médecine générale, que je voudrais connaître le territoire dans lequel je m’installe », confie le Rennais au Quotidien. Constatant, au côté du maire, les besoins de santé grandissants dans cette commune – les généralistes installés ne prenant plus de nouveaux patients et avec un possible départ à la retraite d’un confrère dans deux ans –, l’opportunité était grande. D’autant qu’une maison médicale, qu’il compte investir avec trois autres médecins et une sage-femme, devrait être construite dans les prochaines années sur un terrain municipal.
Je n’aurais jamais pu avoir cette installation progressive tout seul
Dr Florentin Noungouna
Pour réunir toutes ses chances de son côté, l’installation du Dr Noungouna sera progressive : il exercera temporairement dans un local partagé avec d’autres professionnels de santé – mais sans autre médecin ni secrétariat – et constituera sa propre patientèle de médecin traitant, deux jours par semaine, en priorité avec les patients qui vivent ou travaillent dans la commune et ses alentours et qui sont dépourvus de médecin de famille.
Dans le même temps, il continuera de remplacer durant deux autres journées par semaine, deux confrères de la localité dans leurs cabinets. « Ce fonctionnement me permettra d’avoir une rémunération solide, tout en construisant ma patientèle. C’est une chance ! Je n’aurais jamais pu avoir cette installation progressive tout seul », explique-t-il, après que son projet a été validé par l’Ordre des médecins. Conventionné en secteur 1, le jeune généraliste recevra ses premiers patients le lundi 8 septembre et envisage les premières consultations de trente minutes chacune en moyenne.
La santé planétaire comme boussole
Après le bac pourtant, le Dr Noungouna avait choisi… des études d’ingénieur. Mais ne se projetant pas dans ce métier, il décide de se réorienter à 21 ans vers la médecine. « J’avais envie de contact humain et soif d’apprendre », commente-t-il. Tandis qu’il se voyait plutôt chirurgien initialement, la médecine générale s’est imposée comme une évidence après ses premiers stages en cabinet. Un intérêt qui s’est confirmé lors de son internat et ses stages à Saint-Malo.
Le médecin, titulaire d’un diplôme universitaire de diététique et nutrition, est également animateur de La Fresque du climat, projet qui encourage la diffusion à grande échelle d’une compréhension des enjeux climatiques. Sujet primordial pour le jeune généraliste, auquel il a consacré sa thèse : « La Fresque du climat, un outil pour promouvoir la santé planétaire auprès des médecins généralistes français ». Le Dr Noungouna explique à cet égard que les comportements et pratiques des 217 médecins qu’il a recrutés dans le cadre de son travail ont été influencés positivement par l’initiative : « Quelques-uns ont par exemple réduit leur utilisation de drap d’examen ».
Autre bonne pratique que le jeune généraliste promeut : ramener à la pharmacie les médicaments non utilisés (pour recyclage ou incinération) afin de réduire la pollution du sol et des nappes phréatiques (dans lesquelles certains médicaments sont enfouis car traités comme des déchets). « Et plutôt que de le dire à chaque consultation, ce qui est fastidieux, le médecin peut inscrire en bas de page de son ordonnance, via son logiciel de prescription : “Les médicaments non utilisés sont à rapporter à la pharmacie”. Factuellement, tous leurs patients en seront donc informés. » Un petit geste d’autant plus utile plus que les médicaments incinérés produisent de l’énergie sous forme de vapeur ou d’électricité.
Olivia Fraigneau et Gaétan Casanova : de l’engagement syndical étudiant au Conseil de l’Ordre ?
[Exclu] Pas de paiement à l’acte mais un geste sur la rémunération : Neuder dévoile le contenu des textes sur la 4A
Marion Da Ros Poli (Anemf) : « Médecine, c’est pour la vie, chacun doit être libre de choisir son type d’exercice »
Assistant ambulatoire, stages dans les déserts, « engagement territorial » : les jeunes médecins dégainent leur arsenal anti-coercition