Aux urgences du CHU de Strasbourg, le personnel est excédé. En cause, la violente agression dont ont été victimes une dizaine d'agents du site de Hautepierre le jeudi 22 août. Un préavis de grève pour le 6 septembre a été déposé par le syndicat majoritaire Force ouvrière (FO).
Les faits se sont déroulés vers 11 heures du matin lorsqu'un « jeune homme d'une vingtaine d'années en état d'excitation » s'en est pris physiquement à plusieurs agents tout juste après avoir été déposé par les pompiers, relate au « Quotidien » Christian Prud'homme, secrétaire général FO aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS).
La violence déployée par le patient est telle « qu'une dizaine de personnes ont été nécessaires » pour le maîtriser, poursuit l'infirmier anesthésiste. Plusieurs agents ont été blessés au cours de l'incident. « Un aide-soignant est arrêté au moins une semaine pour une cervicalgie, une infirmière a eu le pouce retourné, un ambulancier a eu un trauma thoracique, une infirmière a reçu du crachat de sang dans les yeux », énumère le syndicaliste qui relate les « coups, griffures et morsures » assenés par le patient agité.
« La violence est presque quotidienne pour les personnels », déplore Christian Prud'homme. En juillet déjà, un événement similaire avait eu lieu aux urgences de Hautepierre.
Vigile, police et système d'alerte
Chacune des victimes de l'agression a été reçue par la direction depuis les faits. Une réunion est prévue ce lundi 26 août entre les syndicats et la direction. Les grévistes réclament la présence d'un vigile 24 heures sur 24 aux urgences (contre seulement quatre heures par jour actuellement) et le retour d'une permanence de la police municipale dans les locaux. Cette dernière avait été supprimée en 2017, « faute de moyens suffisants pour la maintenir ».
Force ouvrière demande par ailleurs la mise en place d'un système d'alerte pour chaque agent des urgences. « Il existe en psychiatrie ou dans les salles de réveil des boutons qu'on s'attache autour du cou et qui permettent d'alerter les collègues », propose Christian Prud'homme.
Mais pour le syndicaliste, la « vraie question » est ailleurs. « Ces patients doivent-ils venir aux urgences ? », s'interroge-t-il. L'infirmier suggère en effet que les pompiers attendent la police avant de transporter un patient violent quand il ne s'agit pas d'un cas d'urgence vitale. « Ce n'est pas la première fois que les pompiers amènent un patient agité sans qu'il y ait suffisamment de personnes aux urgences pour le contenir », affirme Christian Prud'homme. « Dans notre cas, l'agitation était a priori d'origine épileptique donc il avait sa place aux urgences », précise toutefois l'infirmier.
Buzyn promet un chamboulement des organisations
Le personnel des urgences du CHU strasbourgeois replonge donc dans la grève alors qu'il avait signé un protocole d'accord avec sa direction début juillet prévoyant notamment la présence d'un vigile entre 20 heures et minuit et l'ouverture de 25 lits d'aval. Il quittait ainsi la liste des 217 services d'urgences en grève depuis le mois de mars.
Invitée de la matinale de France Inter ce lundi 26 août, Agnès Buzyn s'est montrée ferme. Elle se refuse à appliquer une solution unique à tous les services d'urgences en grève. « Accorder 300 euros de plus par mois [l'une des revendications des grévistes du collectif Inter-Urgences, NDLR] ne résoudra pas la crise des urgences et les problèmes d'organisation », a-t-elle déclaré, expliquant plutôt travailler sur « un numéro de téléphone de régulation » pour désengorger l'amont des urgences. La locataire de Ségur promet un « chamboulement des organisations » qui sera « présenté au mois de septembre », et devrait être tiré des premières recommandations de la mission Carli/Mesnier sur la refondation des urgences, dont les conclusions définitives sont attendues en novembre.
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