Le Dr Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes de France, et Éric Faure, président de la Fédération nationale des sapeurs pompiers de France, ont remis ce 20 avril à la secrétaire d'État chargée de l'aide aux victimes, Juliette Méadel, leur rapport sur la mission sur « les gestes qui sauvent ». Ou comment généraliser au plus grand nombre de citoyens – l'objectif est de 80 %, soit 52 millions de personnes, contre 27 % aujourd'hui – ces formations, et ainsi « élaborer une véritable éducation de notre société à la résilience », lit-on.
Le citoyen est le premier maillon de la chaîne de secours, rappellent les auteurs en introduction, notamment les 13 premières minutes après un accident – arrêt cardiaque, accident de la vie courante (qui touche une personne sur cinq, et provoque 20 000 décès par an), inondation, tempête, et… attentat –, durée moyenne d'intervention des secours, incompressible. Pourtant, rares sont les Français formés aux premiers gestes vitaux.
Au vu du succès des séances de deux heures mises en place par le ministère de l'Intérieur en 2016 après les attentats, le rapport propose de conserver ces sessions courtes, sous l'appellation « initiation aux gestes qui sauvent », au cours desquelles sont enseignés les gestes simples à pratiquer face à une détresse vitale : alerter, masser, défibriller, arrêter une hémorragie, et mettre en position d'attente. Et d'approfondir ces initiations par une formation certificative au secourisme : le PSC1 (pour prévention et secours civiques de niveau 1).
Former dès l'école, en continu…
L'institutionnalisation des gestes qui sauvent est nécessaire pour les généraliser, estiment les auteurs qui proposent un continuum « être acteur de ma sécurité et de celle des autres » qui commencerait dès l'école maternelle, se poursuivrait au primaire (via le module Apprendre à porter secours), puis au collège (PSC1), et jusqu'au lycée (par un module de recyclage court). Et d'insister sur l'importance d'inclure ces modules dans les programmes académiques. Quant au reste de la vie, des sessions de formation continue pourraient être proposées à des étapes clefs : permis de conduire, parentalité, retraite, etc.
Mais former dès aujourd'hui, en masse, les fonctionnaires d'abord
Sans attendre la maturation de toute une génération d'écoliers (ce qui prendrait 50 ans pour atteindre l'objectif de 80 %), Patrick Pelloux et Éric Faure suggèrent de former en masse (3 450 000 personnes chaque année). Pour cela, plusieurs publics peuvent être ciblés pour suivre une formation PSC1 : les 5 millions de fonctionnaires (fonction publique d'État, hospitalière, et territoriale), les professions en lien avec les personnes âgées, les professionnels de la route, et les volontaires en service civique.
Au-delà de ces populations cibles, il faudrait multiplier les sessions d'initiation de 2 heures pour toucher le plus grand nombre, demandent-ils. À commencer par les élus, les sportifs, les candidats aux permis de conduire ou de chasse, les animateurs, ou les demandeurs d'emploi. Comment ? en incitant les casernes de sapeurs-pompiers à rester ouvertes le week-end, les mairies à briguer le label « ville citoyenne » et à lancer des plans d'action avec les associations et les pompiers, ou encore en lançant des opérations sur les plages l'été, ou dans les stations de sports d'hiver.
Dans le privé, la présence d'un salarié ayant suivi une formation « sauveteurs secouristes du travail » (SST) devrait non plus être recommandée mais obligée dans les ateliers ou chantiers dangereux. Le compte personnel de formation du secteur privé devrait contenir une sélection de ces formations (PSC1, SST…). Quant aux citoyens qui auraient à payer de leur poche, cette charge devrait être déductible au titre de l'impôt sur le revenu.
Pour remédier à l'insuffisance actuelle de formateurs, les sessions d'initiation pourraient être menées par des « intervenants ou initiateurs » et les associations agréées de sécurité civile (AASC), qui forment environ 400 000 personnes par an au PSC1, soutenues financièrement (exonération des charges sociales pour les emplois de formateurs, de la TVA pour le matériel, budget d'accompagnement de 94 millions d'euros par an pendant 10 ans).
Enfin, les auteurs concluent en préconisant l'adoption d'une loi du bon samaritain, qui protège le citoyen secouriste de toute poursuite en justice.
« Ce rapport doit nous permettre d'amplifier les efforts déjà engagés afin que davantage de nos concitoyens soient demain en capacité de sauver des vies », a salué Juliette Méadel.
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