« LE CONTRAT de la honte » : c’est ainsi que le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs élargi (SNPHAR-E) avait qualifié le contrat de clinicien lorsque le dispositif a été lancé.
La loi HPST a posé le principe, puis un décret, publié en octobre 2010, a précisé le cadre : les postes de cliniciens hospitaliers sont réservés aux emplois présentant des difficultés à être pourvus.
Recrutés par le directeur d’hôpital après le feu vert de l’ARS, les cliniciens signent un contrat de trois ans maximum, renouvelable une fois. Des objectifs quantitatifs et qualitatifs leur sont assignés, récompensés par une part variable (au maximum 65 % du salaire d’un PH de 13e échelon). La cible ? Tout type de médecins, y compris les PH titulaires, par le biais du détachement.
Plusieurs syndicats médicaux ont dénoncé une attaque en règle contre le statut de PH. Coauteurs, en 2009, d’un rapport sur le sujet, les Drs François Aubart (CMH) et Alain Jacob (INPH) ont vu leurs espoirs déçus par ce « simple CDD » : ils n’ont pas retrouvé l’esprit de leurs propositions à la lecture du Journal officiel.
Le SNPHAR-E a fustigé l’introduction d’une « prime de productivité » menaçant l’indépendance médicale. Le dispositif ne règle en rien le manque d’attractivité des carrières hospitalières, complète le Dr Max Doppia, secrétaire général adjoint du syndicat, PH, et anesthésiste au CHU de Caen. Il côtoie le Dr Daccache chaque jour, et y voit plus d’inconvénients de principe que d’avantages concrets : « Le clinicien cherche à atteindre les objectifs fixés par le directeur, qui ne sont pas forcément en cohérence avec ceux de l’équipe. On nous avait dit que les cliniciens permettraient d’éviter le mercenariat anarchique, or ce n’est pas ce qui se passe en France ».
Le nombre de cliniciens reste très limité. À l’été 2011, les ARS avaient ouvert une vingtaine de postes sur l’ensemble du territoire, selon un recensement effectué par la Conférence des DG de CHU. Le CHU de Caen a essuyé les plâtres avec quelques autres. Le CHR d’Orléans, par exemple, a recruté un généraliste par ce biais pour faciliter les relations ville-hôpital au niveau de la gériatrie. Timide montée en charge. Et aujourd’hui ? Impossible de faire le point : la Direction générale de l’offre de soins (DGOS), au ministère de la Santé, indique qu’elle communiquera le bilan du dispositif... à l’automne 2013.
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