La période des fêtes peut s'avérer très lucrative pour certains praticiens. À l'hôpital Émile Muller de Mulhouse (Haut-Rhin) ce samedi 28 décembre, une garde de 24 heures aux urgences était rémunérée 2 200 euros net, révèle le journal « L'Alsace ».
En raison d'une pénurie médicale bien installée dans la région, l'établissement alsacien est contraint de recourir à l'intérim médical pour remplir ses lignes de garde. Mais au cœur des fêtes de fin d'année, les praticiens remplaçants ne se bousculent pas au portillon. La loi de l'offre et de la demande est telle que les hôpitaux sont parfois amenés à casser leur tirelire. Selon le journal régional, la rémunération proposée ce jour-là par l'hôpital Émile Muller est la plus élevée du service public en France.
De quoi faire des jaloux au sein même de l'établissement. Interrogé par « France 3 », le secrétaire CFDT du groupement hospitalier Mulhouse Sud Alsace (GHRMSA) Jean-Marc Kelai dénonce les « tensions » créées par cette décision. « On trouve de l'argent pour rémunérer ces médecins intérimaires mais par contre pour le personnel non médical, on est prêt à impacter sur leurs primes de service, donc forcément les agents sont à bout », témoigne-t-il.
« Plus vous êtes en difficulté, plus vous cédez à la surenchère financière parce que vous vous retrouvez à ne plus avoir le choix », justifie Corinne Krencker, directrice de l'établissement, au micro de « France 3 ». Et de poursuivre : « c'est contraints et forcés que nous payons ce montant-là ».
L'hôpital, zone de non-droit
C'est une dérive de plus liée à l'intérim médical, pratique pourtant dans le viseur d'Agnès Buzyn depuis son arrivée à Ségur. La ministre de la Santé a notamment décidé du plafonnement de la rémunération des médecins remplaçants. Un décret du 1er janvier 2018 fixait à 1 287,05 euros brut en 2019 et à 1 170,04 euros à partir de 2020 les 24 heures de travail. Mais celui-ci est peu appliqué par les établissements les plus en tension comme à Mulhouse.
Lors de ses annonces pour l'hôpital public le 20 novembre avec Édouard Philippe, Agnès Buzyn avait exprimé sa ferme intention de « mettre fin » au « mercenariat ». Un durcissement des contrôles a ainsi été décidé par amendement à la loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2020.
« L’hôpital ne peut constituer une zone de non-droit dans laquelle certains acteurs imposeraient par le chantage exercé sur la continuité des soins leurs conditions tarifaires aux acteurs du système de santé », avait durement énoncé la ministre.
Trois membres du bureau du Syndical national des médecins remplaçants des hôpitaux (SNMRH) sont convoqués le 14 janvier devant la chambre disciplinaire du conseil régional d'Île-de-France de l'Ordre des médecins après une plainte émanant directement du ministère. Il leur est reproché d'avoir publié en mars 2018 une « liste noire » des hôpitaux qui plafonnent la rémunération des médecins intérimaires. Une attitude contraire à la déontologie médicale selon Ségur.
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