C'est un arbitrage financier qui risque de donner des arguments… aux syndicats de médecins libéraux, engagés dans un bras de fer tarifaire dans le cadre des négociations conventionnelles. Le gouvernement a décidé de faire voter un amendement au projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale (PLFSSR) pour rallonger de « 600 millions d'euros » le budget des hôpitaux en 2023, a annoncé ce lundi le ministre délégué aux Comptes publics Gabriel Attal.
« Je proposerai un amendement au nom du gouvernement pour accroître le budget de l'hôpital de 600 millions d'euros en 2023 », a déclaré le ministre sur RTL, à quelques heures de l'ouverture des débats à l'Assemblée sur ce texte qui abrite la réforme des retraites. Gabriel Attal assume ce fléchage financier. « Le président de la République a annoncé des mesures fortes pour l'hôpital (...) Vous savez que, notamment pour le travail de nuit, il y avait des majorations pour les personnels de santé (...) Le président de la République a annoncé qu'on allait les prolonger », a-t-il expliqué.
À bout de souffle
Face à un système « à bout de souffle », de l'aveu même du gouvernement, avec des urgences débordées et un manque criant de personnels – sur fond de triple épidémie hivernale de Covid-19, grippe et bronchiolite – Emmanuel Macron avait annoncé début janvier une réorganisation de l'hôpital et des mesures pour faciliter l'accès aux soins.
Il avait aussi annoncé la « sortie » de la tarification à l'activité (T2A) – en réalité plutôt la fin du « tout T2A » – à l'hôpital dès le prochain budget de la Sécurité sociale. Des mesures plutôt bien reçues dans le milieu hospitalier. « Il y a d'autres mesures qui vont venir soutenir les soignants notamment qui travaillent la nuit », a précisé ce lundi Gabriel Attal.
Texte financier
Le coup d'envoi des débats sur ce PLFSSR devait être donné ce lundi, dans un hémicycle archicomble, avec la réforme des retraites comme plat de résistance. Mais, « c'est un texte financier sur le budget de la Sécurité Sociale, donc il y a d'autres sujets qui seront abordés », assume Gabriel Attal pour expliquer l'amendement sur le budget supplémentaire de l'hôpital.
Interrogé sur le financement de cette mesure, il a précisé que l'objectif de déficit public pour l'année 2023 restait à 5 % du PIB et que le gouvernement s'était gardé la « possibilité, notamment sur le budget de l'hôpital d'accroître son engagement » après les annonces du président. « On en avait tenu compte dans les prévisions qu'on a faites », a dit le ministre. Nul doute que ce geste donnera aussi des idées aux représentants de la médecine de ville…
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