Le SMPS réclame une enquête administrative pour régler la situation managériale au CHU de Nice

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Publié le 10/04/2025
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Le Syndicat des managers publics de santé (SMPS) renouvelle sa demande d’une enquête administrative dans les meilleurs délais, concernant la situation managériale jugée « délétère » au CHU de Nice.

Crédit photo : SYSPEO/SIPA

Le Syndicat des managers publics de santé (SMPS) a réaffirmé sa demande d’ouverture d’une enquête administrative au CHU de Nice au sujet de la « situation managériale ». Le syndicat dépose en ce sens une motion en soutien au collectif de directeurs ayant réalisé un signalement au CNG, fin novembre 2024, quant à la situation vécue localement.

Dans cette affaire, pas moins de huit anciens très hauts cadres de l’établissement (directeurs adjoints du CHU, directeurs d’hôpital et directeurs des soins) avaient dénoncé un management « délétère, voire toxique » et des faits constitutifs, selon eux, d’écarts au regard des bonnes pratiques managériales.

Le courrier adressé au CNG relatait des situations managériales portant préjudice à la santé de certains directeurs adjoints, par leur nature « méprisantes et disqualifiantes », rapporte le SMPS. Les directeurs concernés ont tous quitté leurs fonctions mais d’autres personnels de la même catégorie se plaignent toujours « de comportements inadaptés ». Le SMPS a réclamé aussitôt que l’ARS puisse diligenter une enquête pour objectiver les faits (et une mise sous protection fonctionnelle pour les salariés qui le demandaient). Ces mesures de protection leur ont finalement été accordées par l’ARS PACA.

Mais aujourd’hui, malgré les réunions, l’audition du DG du CHU et son DG adjoint par les autorités de tutelle, « les suites à donner nous semblent imprécises et tardent à venir », s’impatiente le SMPS, pour qui « des moyens d’enquête existent » pourtant. « Cette absence de volonté d’objectivation sème le doute chez tous les directeurs d’hôpital qui regardent avec beaucoup d’interrogations ce qui se passe au CHU de Nice », insiste encore le syndicat, qui entend placer l’État devant ses responsabilités.

Une gouvernance interne réorganisée à la hussarde ?

Cette affaire met en cause le directeur général du CHU, Rodolphe Bourret, qui le dirige depuis février 2023. Ce dernier avait été nommé avec la volonté de mettre en place la délégation polaire et la gestion médicalisée, un mode de management déjà instauré non sans résultat au CH de Valenciennes. « Nous sommes favorables à la médicalisation de la gouvernance qui se met en place dans nombre d’établissements, admet Jérôme Goeminne, président du SMPS, sollicité ce jeudi par Le Quotidien. Mais c’est la forme de la méthode que nous ne partageons pas ».

Dans ce contexte, le patron du SMPS déplore qu’aucune enquête sérieuse n’ait été lancée à l’initiative de la direction ou de la tutelle ministérielle : « Nos collègues, en grande souffrance, font des malaises, des tachycardies, se mettent en arrêt de travail et nous demandent d’agir ! Nous ne soufflons pas sur les braises, nous souhaitons simplement que cela cesse. » « Nous ne sommes pas à la recherche de coupables, nous souhaitons juste des corrections, souligne Jérôme Goeminne. Dans tous les autres établissements où des faits bien moins graves sont signalés, des enquêtes sont menées. »

Sans réaction officielle des autorités, le SMPS se dit prêt à porter ce signalement auprès de l’Inspection du travail et du Défenseur des droits « dans le cadre d’un droit d’alerte ».

La CME soutient totalement le DG du CHU

« Ce courrier de la part de directeurs qui ont quitté l’établissement depuis plus d’un an est insupportable à nos yeux, car la communauté médicale vit très bien la gouvernance actuelle », s’agace le Pr Jacques Levraut, président de la CME du CHU de Nice, qui n’a pour sa part jamais constaté de « management malveillant ». Bien au contraire, le Pr Levraut souligne « la reprise en main par la direction actuelle du CHU après une très mauvaise gestion dégradée pendant des années ». Il dénonce un « corporatisme directorial sous-jacent qui a du mal à accepter ce nouveau modèle » de délégation polaire, qui attribue des responsabilités managériales et gestionnaires aux chefs de pôle.


Source : lequotidiendumedecin.fr