Déconcentration. C'est le maître mot de Zaynab Riet, déléguée générale de la Fédération hospitalière de France (FHF), à l'heure où se profile une reprise de l'épidémie de Covid-19.
En cette rentrée particulière, la responsable veut profiter de « cette phase de préparation face à la deuxième vague » pour « passer à l'action et changer notre système » en plaçant le curseur à l'échelle des territoires. Qu'il s'agisse de la déprogrammation d'activité, du dépistage ou de la gestion des effectifs, la FHF ne veut plus, comme lors de la première vague, d'une « stratégie nationale » décidée « au niveau interministériel ». Elle plaide pour une plus grande autonomie laissée aux acteurs locaux via la réalisation des projets territoriaux de santé (PTS) tels que définis par la loi Buzyn de juillet 2019.
À l'échelle des établissements et des groupements hospitaliers de territoire (GHT), la numéro 2 de la FHF entend conserver les bonnes initiatives nées dans la crise. « Les médecins ont témoigné d'une forte agilité à s'organiser au niveau local, rappelle-t-elle, il faut poursuivre dans ce sens et continuer à faire confiance au terrain ! » Selon elle, l'organisation des parcours et le principe de gradation des soins doivent désormais être décidés à l'échelle des GHT en bonne intelligence avec les ARS – et non de manière frontale –, comme ce fut le cas pour l'organisation des filières Covid au printemps. « Il ne faut pas tourner le dos à cette union sanitaire sacrée, insiste Frédéric Valletoux, président de la FHF. Cet état d'esprit là, il doit continuer. Pas question que chacun reparte chez soi ! »
« Stratifier » les patients
Pour amplifier cette déconcentration et ce partage des forces sanitaires dans les territoires, la FHF défend le concept de « responsabilité populationnelle », qui consiste en une approche horizontale des soins, où libéraux, hospitaliers, services publics et associations travaillent ensemble sur un bassin et une population donnés. La fédération a expérimenté ce modèle pendant deux ans, dans cinq régions (Deux-Sèvres, Cornouaille, Douaisis, Haute-Saône et Aube) et autour de deux populations (diabète de type 2 et insuffisance cardiaque, soit 80 000 personnes en tout), dans le cadre de l'article 51 du budget de la Sécu 2018, qui ouvre la voie à un financement de type « incitation à une prise en charge partagée ».
Dans un rapport ad hoc paru ce vendredi, la FHF liste les enjeux à relever à moyen et long terme pour faciliter le déploiement de ce qu'elle considère comme « le prototype de notre système de santé de demain ». L'objectif est de « stratifier » une population cible selon la gravité de sa pathologie (du niveau 1 à 4) afin d'élaborer des programmes cliniques et de faire intervenir le bon professionnel au bon moment avec le bon traitement, suivi ou dépistage approprié.
En mettant l'accent sur « la clinique » et le patient, la FHF espère « faire sauter les barrières institutionnelles […] dans une démarche où le savoir-faire de chacun est complémentaire ». La responsabilité populationnelle permettrait même de « donner corps à des projets de communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) là où il n’en existait pas et de donner de la consistance au décloisonnement ville/hôpital », argumente la fédération. Reste un hic : rien ne sera possible sans le développement d'un système d'information partagé et efficace. Une difficulté récurrente qui illustre « la très grande fragmentation » de notre système de santé.
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