TOUT est parti d’un dîner organisé pour calmer les esprits. Fin 2010, les relations entre l’hospitalisation publique et privée sont tendues. Les fédérations hospitalières s’invectivent à coup de communiqués à propos des suites à donner à la loi HPST (Hôpital, patients, santé, territoires). Gérard Larcher préside alors le Sénat. L’hôpital, il connaît bien : le parlementaire a présidé la Fédération hospitalière de France (FHF) de 1997 à 2004. Gérard Larcher réunit à sa table les présidents de la FHF et de la FHP (Fédération de l’hospitalisation privée) et leur propose un pacte de non-agression.
Deux ans et demi plus tard, naît le cercle santé innovation. Gérard Larcher en est le président ; la FHF et la FHP sont membres fondateurs, de même que les trois autres fédérations hospitalières (FEHAP, FNEHAD, Unicancer). La direction du cercle est confiée à Cédric Arcos, directeur de cabinet à la FHF.
Objectif de la manœuvre ? « Rapprocher les acteurs de la santé » en évitant l’écueil de l’hospitalocentrisme, expose celui qui, depuis qu’un socialiste (Jean-Pierre Bel) lui a raflé la présidence de la Haute Assemblée, est redevenu « simple » sénateur UMP. Un groupe de 20 experts se réunira plusieurs fois par an pour débattre de sujets d’actualité. Quinze postes sont à ce jour pourvus. Aucun représentant de la médecine libérale n’y figure, mais les cinq postes vacants leur sont ouverts, précise Gérard Larcher.
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Le collège d’experts regroupe des économistes (Jean de Kervasdoué, Brigitte Dormont, Jean-Hervé Lorenzi, Nicolas Bouzou), des médecins (Loïc Capron, président de la CME de l’AP-HP, Guy Vallancien, urologue à l’Institut Montsouris, Olivier Dubourg, cardiologue à Ambroise Paré, Jean-Marc Debonne, directeur du service de santé des armées, René Amalberti, conseiller sécurité des soins à la HAS). Le panel est complété par un sociologue, le président du SAMU social de Paris, un journaliste, un professeur américain de santé publique, un physicien, un industriel (le directeur de Mc Kinsey France). L’industrie pharmaceutique est écartée à dessein. « Ce cercle est indépendant », souligne Gérard Larcher.
Un programme de travail a été arrêté. Premier débat, un peu provocateur : l’assurance-maladie est-elle encore utile, compte tenu de la montée en puissance des complémentaires santé ? Le think tank livrera son point de vue dans un rapport publié en novembre. D’autres réflexions suivront sur le parcours de soins, la santé mentale, les réformes sanitaires et l’implication des politiques. D’aucuns noteront, caustiques, que le sujet central de l’hôpital est soigneusement contourné. À dessein, peut-être.
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