En décembre dernier, l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) recommandait la création de 500 lits supplémentaires de réanimation. Ce seront finalement 1 000 lits qui sont affichés, selon la feuille de route 2022-2025 que le ministre de la Santé, Olivier Véran, a présenté ce jeudi aux fédérations hospitalières. En réalité, ce chiffre déjà évoqué sera atteint en comptant la réouverture des 500 lits de réanimation déjà autorisés mais fermés faute de personnels et de 500 autres de « post-réanimation ».
« C’est un engagement fort pour armer notre système de santé d’une filière de soins critiques structurée, à la capacité renforcée, dotée des professionnels nécessaires et capable de prendre en charge nos concitoyens dans les meilleures conditions, a fait valoir le ministre. C’est aussi se préparer pour l’avenir et anticiper les possibles crises sanitaires de demain ».
Ces lits supplémentaires devraient être (ré)ouverts à l'horizon 2023 en application des prochains projets régionaux de santé (PRS) quinquennaux sur lesquels les agences régionales de santé (ARS) vont commencer à plancher. En outre, quelques dizaines d'unités devraient être créées plus rapidement pour répondre à des besoins urgents dans quatre régions : la Bretagne, les Pays de la Loire, la Guyane et Mayotte. Tous s'ajouteront ainsi aux lits 5 080 lits comptabilisés en 2019, avant la crise du covid, laquelle aura permis de démontrer les « soins critiques ont réussi à tenir grâce à des capacités très fortes et un pilotage local », souligne-t-on au cabinet d'Olivier Véran.
Nouveau cadre réglementaire
La réflexion sur l'avenir des soins critiques n'est pas nouvelle. Celle-ci avait débuté dès 2017 notamment autour de la réforme du cadre d'autorisation et en raison des disparités de l'offre sur le territoire. Le nouveau cadre réglementaire devra faire l'objet de décrets, en cours d'examen au Conseil d'État, et dont la parution est attendue pour la fin du mois. Celui-ci va mettre fin à « la gradation actuelle en trois niveaux, avec notamment un encadrement insuffisant des surveillances continues, qui a conduit à la multiplication d’unités isolées, avec une hétérogénéité de fonctionnement, et une activité ne relevant pas toujours de soins critiques », explique le ministère.
Cette réforme s'accompagnera d'une réforme du financement. En effet, ces unités isolées ont parfois pu être ouvertes de manière inappropriée, parce qu'elles rapportaient des financements aux hôpitaux et non pour couvrir des besoins identifiés, au détriment de la cohérence d'ensemble. « Le nouveau cadre définit des réanimations, des unités de soins intensifs polyvalents (USIP) ou de spécialités ayant vocation à se constituer en plateaux de soins critiques de taille suffisante pour garantir de bonnes conditions de fonctionnement », prévoit le ministère.
Cahier des charges national et réserve sanitaire
Cette nouvelle structuration des soins critiques, à l'échelle régionale, se basera sur un cahier des charges national qui sera élaboré dans les prochains mois. Leçon de la pandémie : ce schéma devra intégrer dans sa conception des capacités d'adaptation en cas de situation sanitaire exceptionnelle. Ce qui passe par la formation dans les hôpitaux de personnels capables de constituer une réserve sanitaire, en cas de besoin.
Mais sans personnel médical et paramédical à mettre en face, la feuille de route risque de se résumer à un catalogue de bonnes intentions. « Les ressources humaines sont aujourd’hui le principal facteur limitant l’augmentation des capacités de la filière, dans un contexte de démographie des personnels hospitaliers de surcroît difficile », admet, lucide, le ministère.
MIR et MAR : davantage de postes
Comment y remédier ? Les spécialités de médecine intensive en réanimation (MIR) et d’anesthésie-réanimation et médecine péri-opératoire (MAR) bénéficieront d’un soutien à hauteur de 400 postes sur 10 ans, qui a commencé dès 2021, avec 21 postes supplémentaires de MIR et 16 de MAR ouverts à l’ECN.
S'agissant des paramédicaux, où le turnover est très important dans ces services, au risque de les déstabiliser, le ministère met en avant la prime de 100 euros net par mois pour les infirmières de réanimation depuis janvier. Celles-ci devront, par ailleurs, bénéficier d'une formation de huit semaines en arrivant dans les services. En outre, le ratio d'une infirmière pour 4 lits est visé pour 2023, désormais de jour comme de nuit, car finalement la charge en soins est la même. Pour y parvenir, la création de 2 800 équivalents temps plein (ETP) d'infirmières sont nécessaires.
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