Fin 2022, le groupement de coopération sanitaire SHAB* a signé un partenariat avec la start-up rouennaise Délivrone en vue d’expérimenter le transport d’échantillons biologiques par drones. Dès l’obtention de l’autorisation de la Direction de la sécurité de l’aviation civile, une première ligne sera ouverte entre les Centres Hospitaliers de Valenciennes et de Maubeuge, probablement début 2024.
Un temps de transport divisé par deux
Les objectifs qui ont présidé au choix de cette expérimentation sont multiples : réduire le temps de transport, gagner en efficience et en prévisibilité, limiter les émissions de CO2 avec 99 % d’impact carbone en moins par rapport aux véhicules thermiques et enfin, réaliser des économies logistiques. « Nous ne serons plus contraints par les conditions routières ou par les travaux, précise Audrey Decambron, biologiste au Centre hospitalier de Valenciennes (CHV). Même si le trajet n’est pas en ligne droite car nous devons éviter le survol des habitations et de la Belgique, le temps de transport par drone sera d’environ 25 minutes contre 45 minutes par route. Cette solution sera aussi plus économique ne serait-ce qu’au regard du prix du carburant. Par ailleurs, je connaîtrai exactement les horaires de départ et d’arrivée des échantillons biologiques. Aujourd’hui, même en cas d’urgence, le transporteur impose un délai que nous ne maîtrisons pas. Enfin, nos établissements sont très attachés à réduire leur empreinte carbone ».
Vol de nuit
Lorsque la Direction de la sécurité de l’aviation civile aura donné son accord, attendu d’ici la rentrée, des vols techniques seront assurés entre les centres hospitaliers de Maubeuge et Valenciennes afin de valider les conditions de transport des échantillons biologiques.
« Nous commencerons par des vols de nuit parce qu’il y a moins d’activité au sol et dans les airs, poursuit Audrey Decambron. Des tests devront ensuite être réalisés pour démontrer que les échantillons - placés dans une sacoche thermostatée avec trois options de température : ambiante, réfrigérée ou congelée - ne sont pas dégradés et que les résultats sont de qualité identique que le transport s’effectue par drone ou par véhicule thermique. Il s’agit d’une obligation qualité que nous devons satisfaire pour être accrédités par le Cofrac. La boîte de transport, sécurisée, a déjà subi des crash tests et quand nous serons en routine, nous bénéficierons d’un système de sécurisation, par exemple par badge, afin que nul ne puisse récupérer les prélèvements si le drone est appelé à se poser en urgence ».
Descriptif d’un vol type en vision cible
Une fois les échantillons chargés, le drone décollera du centre hospitalier de Maubeuge et sera tenu de voler dans un couloir aérien dédié avant d’atterrir à proximité de Valenciennes.
En effet, les abords du CHV se trouvant dans une zone trop large et trop densément peuplée, la livraison sera séquencée en deux étapes : le drone se posera à Marly et le trajet restant à parcourir – 6 kilomètres environ - s’effectuera soit à vélo électrique, soit à l’aide d’un drone de plus petite taille. L’objectif final de ce projet étant à terme l’ouverture progressive des lignes entre les différents sites du GCS SHAB en vue de remplacer les transports routiers programmés et urgents par des transports par drones.
Chiffres clés
Envergure du drone : 3 mètres
Vitesse de vol : 150 kilomètres/heure
Altitude de vol : 120 mètres
Charge utile : 3 kilogrammes
*Le Groupement de coopération sanitaire Sambre Hainaut Artois Biologie (GCS SHAB) est un laboratoire de biologie médicale multisite qui réalise des actes de biologie médicale pour ses membres : les Centres Hospitaliers de Denain, Hautmont, Jeumont, Le Quesnoy, Maubeuge, Valenciennes, les polycliniques du groupe AHNAC, les centres de santé et établissements de soins Filiéris.
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