D'ici à la mi-juillet, le gouvernement devrait lancer une campagne nationale de communication à destination du grand public afin d'inciter les Français à appeler le 15 avant de se rendre aux urgences, conformément aux recommandations de la mission flash. Mais plusieurs hôpitaux ont déjà pris les devants et ont bricolé des campagnes artisanales aux risques de susciter la critique.
« Ensemble, ne surchargeons pas les urgences », peut-on notamment lire sur les affiches du CHU de Montpellier. Celui-ci recommande aux habitants de prendre rendez-vous chez son médecin ou dans des maisons médicales de garde, en dehors des « cas les plus graves ».
#StopAuBobo ?? "Juste recours" aux services d’urgences du @CHU_Montpellier.
— CHU de Montpellier (@CHU_Montpellier) July 8, 2022
Les #Urgences sont réservées aux cas les plus graves
Dans tous les autres cas, rendez-vous chez votre médecin ou aux maisons médicales de garde. pic.twitter.com/wl502ll1dn
Mais, pour certains médecins, les cas bénins choisis sur les quatre affiches (mal de dos, de gorge, au ventre ou céphalée) pourraient, parfois, se transformer en cas graves et nécessiter un passage aux urgences. C’est la raison pour laquelle le Dr Christophe Trivalle, gériatre à Paul-Brousse (Villejuif), a parodié la campagne dans un tweet, en reprenant les prénoms des patients présents sur les affiches. Contacté par « Le Quotidien », le médecin explique sa démarche : « J’ai volontairement mis des cas extrêmes qui correspondent à des symptômes fréquents et banals, car ils peuvent parfois masquer quelque chose de grave qui nécessite un passage aux urgences. »
En fait Théo a une sciatique paralysante, Lucas a un phlegmon, Martine perforé son ulcère et Paul fait un AVC… https://t.co/ypVaClJP8r
— Christophe Trivalle (@CTrivalle) July 9, 2022
Le gériatre n’est pas opposé à ces campagnes de communication visant à « éduquer » les patients. Mais encore faut-il, selon lui, que ceux-ci puissent prendre rendez-vous chez leur médecin traitant en cas d’urgence. « Certains patients disent qu’ils n’arrivent pas à avoir de rendez-vous, car ils n’ont pas de médecin traitant ou que les autres médecins ne prennent plus de nouveaux patients, note le praticien. En particulier dans les déserts médicaux où certains n’ont pas d’autres choix que d’aller aux urgences, faute de médecins généralistes à proximité de leur domicile ».
Le médecin a vu passer une autre campagne d’affichage qui a également défrayé la chronique ce week-end sur la twittosphère. Cette fois, c’est le CH de Béziers qui est à la manœuvre. « Ne surchargeons pas l’hôpital ! », peut-on lire sur l’affiche, accompagné du message suivant sur les réseaux sociaux : « Selon le motif de consultation, vous pourrez être réorienté vers votre médecin traitant ou vers une autre structure de soins du territoire. »
Mais les exemples choisis pour faire passer le message vont un peu trop loin pour un certain nombre de médecins. En haut à gauche sur l’affiche, un playmobil victime coup de soleil particulièrement étendu est censé illustrer la situation suivante : « petit bobo, pas d’urgence ». En bas à droite, un autre playmobil, avec le bras droit arraché, a été choisi pour faire passer le message suivant : « gros bobo, urgence ».
Préservons nos urgences !
— Centre Hospitalier de Béziers (@chbeziers) July 7, 2022
Notre service des urgences connaît une forte augmentation d’activité.
Selon le motif de consultation, vous pourrez être réorienté vers votre médecin traitant ou vers une autre structure de soins du territoire. pic.twitter.com/AI8aftwJJ6
Pneumo-pédiatre et chef de service du CHU de Rouen, le Pr Christophe Marguet est « effaré par la bêtise de message ». De leurs côtés, les membres du collectif inter-hôpitaux (CIH) de Saint-Louis (AP-HP) se demandent ce qui est considéré comme suffisamment grave pour nécessiter un passage aux urgences : « l’accès au soin dégradé au point de mériter une prise en charge qu’en cas de « gros bobo » (sic) par exemple… un bras sectionné. »
Quand on est pediatre, on est effaré par la bêtise de message. Déjà le coup de soleil étendu est inacceptable comme bobo, et perdre un bras ?ou?vive la communication et le management du CHU montpellier. @CollectInterHop @NotreHopital pic.twitter.com/I7nYI5k20b
— Marguet Christophe pediatre Chu Rouen (@MarguetChristo2) July 9, 2022
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