Après un préavis de grève illimité concernant le service des urgences du centre hospitalier d'Arras mi-février, les syndicats FO et Sud ont décidé d'étendre le mouvement à l'ensemble de l'établissement.
« L'engorgement des urgences » est à l'origine de cette fronde sociale. Étienne Martinot, délégué FO, syndicat majoritaire dans l'établissement, souligne l'augmentation « naturelle » de l'activité des urgences depuis l'été 2016, qui s'est accentuée durant l'hiver. En cause : les épidémies saisonnières (grippes, gastroentérites), mais aussi, selon lui, les conséquences du déclenchement du Plan blanc aux urgences de l'hôpital proche de Lens, début janvier, qui a drainé des patients de ce secteur vers les urgences d'Arras. Avec des « pics à plus de 200 entrées par jour début février alors que généralement il y en a plutôt 160, sans moyens humains supplémentaires », précise Étienne Martinot. « La goutte d'eau qui a fait déborder le vase », selon Denis Gaillet, délégué FO.
Parfois six heures d'attente
Les deux syndicalistes décrivent une situation « catastrophique » : plus de 16 nouvelles entrées par heure, parfois six heures d'attente, des patients sur des brancards dans les couloirs et un manque criant de lits d'aval dans l'établissement… Autant de conditions de prise en charge des patients et de travail des agents particulièrement difficiles.
Selon les délégués, cette situation intervient sur fond de dialogue social dégradé, source de déception et d'amertume. Les mesures prises par la direction (renforts de personnels la nuit, ouverture de lits) n'ont pas désamorcé la crise. Et les échanges avec le directeur ou la DRH n'ont pas satisfait les revendications des syndicats (renforts lors des pics d'activité, révision des cadres de fonctionnement des urgences, meilleures sécurisation et restructuration du service, mesures indemnitaires…) .
Contagion
FO avait déposé un préavis de grève illimité aux urgences à partir du 13 février et Sud à partir du 14. « La direction avait la possibilité d'étendre le feu », estime Denis Gaillet. Mais le fait qu'elle déplace des agents d'autres services pour remplacer les grévistes des urgences plutôt que de recourir à des assignations a été perçu comme une volonté de « casser la grève ».
La grogne s'est étendue à d'autres services, ajoutent les syndicalistes, pour des raisons communes ou particulières : centre 15, SMUR, cardiologie, court séjour gériatrique, médecine polyvalente, diabétologie, pneumologie… Résultat, FO a déposé un préavis de grève concernant tout l'établissement à partir du 22 février et Sud lui a emboîté le pas avec un préavis courant depuis le 27, jour où les deux syndicats se sont rassemblés autour d'un « feu de bengale » qui a donné lieu à un constat d'huissier. « Pour la première fois en 30 ans », déplore Étienne Martinot, qui espère toujours de renouer le dialogue social.
En attendant, les syndicats comptent bien participer à la mobilisation nationale interprofessionnelle le 7 mars pour la défense du service public.
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