HTA

Une maladie silencieuse pour un traitement à vie

Publié le 15/05/2009
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Maladie silencieuse, l'hypertension artérielle essentielle doit bénéficier d’un suivi et d’un traitement à vie pour prévenir ses complications cardio-vasculaires et vasculaires cérébrales. Mais l'adhésion thérapeutique du patient est parfois difficile à obtenir du fait du caractère silencieux de cette pathologie.

Crédit photo : ©GARO/PHANIE

« La médecine du travail vient de dépister une HTA à 16/10 chez Mr. G, 41 ans. Il me demande si le traitement sera à vie comme son frère aîné et son père qui souffrent eux aussi d’une hypertension sévère traitée depuis longtemps… »

Un changement de statut

Poser le diagnostic d'hypertension artérielle essentielle (HTA) n'est pas anodin pour le patient car c'est lui donner le statut de malade alors qu'il ne ressent rien le plus souvent. Aussi faut-il être prudent avant d'annoncer ce diagnostic qui peut être vécu comme très angoissant pour certains patients alors que pour le médecin, il s'agit d'une maladie courante pour laquelle les traitements et le suivi sont bien codifiés. D’après les recommandations officielles (SFHTA 2007*), il faut trois mesures différentes avec des chiffres élevés de PA pour porter le diagnostic d’hypertension artérielle (HTA).

Des représentations à explorer

Pour Mr. G., 41 ans, les interrogations vis-à-vis du diagnostic d’HTA portent sur le caractère illimité du traitement anti-hypertenseur s’il est instauré comme pour son père et son frère. Pour ce patient, les représentations de la maladie hypertensive prend appui sur l’expérience du frère et du père avec un caractère sans doute héréditaire de cette pathologie. Aussi il est utile d’interroger ce patient sur l’expérience dont ont témoigné ses proches à prendre un traitement à vie et sur les effets secondaires dont ils ont eu éventuellement à souffrir du fait de ce traitement. Mais les représentations de cette maladie sont très variables d'un patient à l'autre, en fonction de son histoire, de son environnement socio-culturelle. Au médecin d'être à l'écoute pour adapter son discours médical à chaque patient.

Eduquer le patient à sa maladie

Informer sur la maladie, ses risques et ses traitements est une première étape pour faire accepter un traitement « à vie ». D’autant que de nouveaux traitements anti-hypertenseurs sont aujourd’hui disponibles le plus souvent en mono prise et présentant moins d’effets secondaires que des traitements plus anciens. Les mesures hygiéno-diététiques pour réduire l'HTA sont à délivrer en précisant que ces mesures réduisent aussi le risque cardio-vasculaire global (arrêt du tabac, exercice physique régulier, réduction de la surcharge pondérale…). L’espoir peut être donné d’une réduction ou d’un maintien des doses d’anti-hypertenseur du fait de ces mesures hygiéno-diététiques, donnant au patient enfin le sentiment d’avoir à porté de main quelques leviers pour mieux maîtriser son traitement « à vie ».

* Recommandations 2007 pour la prise en charge de l'HTA, Société Française d'hypertension artérielle.
Dr Jean-Pierre Rageau

Source : Le Généraliste: 2489