crise d’asthme

Savoir traiter

Publié le 02/12/2016
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Toute crise, jusqu’à guérison complète, doit être considérée comme potentiellement grave. Il est indispensable d’en reconnaître les premiers signes, d'adapter le traitement, d’évaluer sa réponse, et savoir quand recourir aux urgences.

J'EXPLIQUE

L’asthme est une maladie inflammatoire chronique s’accompagnant d’une réactivité excessive bronchique, source de bronchospasmes responsables de la crise d’asthme. Inflammation et bronchospasme s’accompagnent de sécrétion de mucus aggravant l’obstruction bronchique. La crise d’asthme est volontiers nocturne, récidivante, réversible spontanément ou sous l’effet du traitement.

La recherche d’un facteur déclenchant s’impose : infection virale, substances allergisantes (poils d’animaux, moisissures, acariens…), tabac, polluants, insecticides, effort physique, notamment par temps froid, médicaments (bêtabloquant, aspirine, AINS…).

Le débitmètre expiratoire de pointe (DEP), ou peak flow, quantifie l’obstruction bronchique (valeurs normales chez la femme, 400 à 550 l/min, chez l'homme, 500 à 650 l/min).

JE MONTRE

J’INFORME

La gravité est évaluée sur les symptômes et la mesure du DEP, éventuellement par mesure du taux d’oxygène (SatO2) par un oxymètre :

Crise légère à modérée : le patient peut parler normalement, s’allonger, sa fréquence respiratoire (FR) est < 30/min, sa fréquence cardiaque (FC) < 100/min, le DEP est > à 80 % de la valeur théorique ou de la valeur de référence du patient, les sibilants sont entendus en fin d’expiration. La SatO2 (> 95) n’est pas indispensable.

• Crise modérée à sévère : le patient, souvent agité, préfère être assis, sa FR est augmentée, sa FC entre 100 et 120, le DEP entre 60 et 80 %, la SatO2 entre 91 et 95, les sibilants persistent pendant toute l’expiration.

• Crise grave : le patient a des difficultés à parler, les sibilants sont entendus pendant l’expiration et l’inspiration, la FR > 30/min, la FC > 120, le DEP <  60 % ou 150 ml/min et la satO2 inférieure à 92

• L’asthme aigu grave avec patient épuisé, confus ou somnolent, respiration superficielle, silence à l’auscultation, bradycardie, DEP souvent non mesurable est une urgence vitale immédiate.

Une crise légère  est autogérée par le patient et ne nécessite qu’une augmentation transitoire, pendant quelques jours, de la consommation quotidienne de bêta-2 agonistes d’action rapide.

JE PRESCRIS

Un bêta-2 agoniste de courte durée d’action par voie inhalée est nécessaire quel que soit le stade. Leur action est rapide (quelques minutes) et limitée dans le temps (quatre à six heures). Ils existent sous forme d’aérosol pressurisé autodéclenché, ou d’inhalateur de poudre sèche (système autohaler).

Dès les premiers signes (essoufflement, oppression thoracique, toux, etc.), le traitement habituel est de 2 à 4 bouffées (s’il s’agit d’un aérosol-doseur) ou d’une inhalation (en cas d’inhalateur de poudre).

• Après dix minutes, si la gêne persiste, reprendre deux bouffées d’aérosol-doseur ou une inhalation de poudre.

• Après dix à quinze minutes de plus, si les symptômes n’ont toujours pas disparu, reprendre de nouveau 2 à 4 bouffées d’aérosol ou une à deux inhalations de poudre.
Une crise légère s’arrête après la prise de 6 à 8 bouffées d’aérosol (ou trois ou quatre inhalations de poudre).

En cas de non-amélioration et si le DEP est inférieur à 60 % de la valeur de référence ou si la crise recommence rapidement, il s’agit d’une crise dite « sévère ».
Il faut alors simultanément :

• prévenir un médecin sans attendre ou aller aux urgences en étant accompagné,

• prendre des corticoïdes par voie orale pour leur effer anti-inflammatoire puissant mais retardé (au moins 4 heures) ; les corticoïdes inhalés n’ont pas de place dans l’asthme aigu.

• multiplier les doses de bronchodilatateurs rapides en inhalation – au mieux avec une chambre d’inhalation – à raison de 2 bouffées simultanées, répétées 4 fois à 1 minute d’intervalle jusqu’à l’arrivée.

Cette séquence peut être répétée 3 fois (24 bouffées) dans la première heure. Une injection par voie sous-cutanée est aussi possible.

En cas de sensation d’étouffement, appeler le 15 d’emblée. 

J'ALERTE

Une hospitalisation est nécessaire en cas de crise modérée à sévère et aussi en cas de crise résistante au traitement initial, de comorbidités (insuffisance respiratoire ou cardiaque…), si le malade est vu l’après-midi ou le soir, si les symptômes se sont aggravés récemment, en cas d’antécédents d’épisodes asthmatiques sévères, si le patient comprend et gère mal sa crise.

Je renvoie sur le web

www.respir.com

Dr Catherine Freydt (médecin généraliste, Chatou) avec le Dr Perrine Hermant (responsable de service de pneumologie, Centre hospitalier Intercommunal Poissy- St Germain en Laye)

Source : lequotidiendumedecin.fr