Médecine des voyages

Recommandations sanitaires aux voyageurs, quoi de neuf en 2023 ?

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Publié le 05/07/2023
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Prévention du paludisme, traitement des diarrhées du voyageur, lutte contre le jet-lag, vaccinations, etc. Comme chaque année à la même époque, le HCSP vient d’actualiser ses recommandations aux voyageurs. Le point sur les nouveautés de cette édition 2023.

Crédit photo : BURGER / PHANIE

Les nouvelles recommandations sanitaires pour les voyageurs du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) ont été publiées fin juin. Cette année encore la tendance est au sur-mesure, avec des préconisations fonction à la fois de la destination, du profil du voyageur, des conditions de séjour, etc.

Paludisme, la chimioprophylaxie individualisée

Concernant le paludisme, « les recommandations du HCSP ont été harmonisées avec celles des sociétés savantes internationales et de la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) », précise le Pr Bruno Hoen, (président de la Commission spécialisée maladies infectieuses, maladies émergentes - CS MIME), qui pilotait le groupe de travail à l’origine de cette nouvelle édition.

Pour la chimioprophylaxie, il est recommandé de poser l’indication en tenant compte d’une part du niveau de risque de transmission du paludisme dans le pays de destination (l’Afrique sub-saharienne constituant la zone où le risque de paludisme est le plus élevé, puisqu’en France, 98 % des cas de paludisme au retour de voyage sont observés chez des voyageurs de retour d’Afrique sub-saharienne) mais aussi du type de séjour. « En effet, un séjour "conventionnel" (séjour court, sans nuitée en zone rurale ou forestière dans de bonnes conditions avec moustiquaire ou chambre climatisée) ne doit pas conduire à une chimioprophylaxie systématique, sauf pour les voyages en Afrique sub-saharienne », insiste le Pr Hoen. Dans les pays à risque faible ou très faible de paludisme, la décision de chimioprophylaxie doit donc être individualisée en fonction du rapport bénéfice/risque car, même si la sécurité d’emploi de la doxycycline et de l’atovaquone/proguanil est élevée, ces médicaments ne sont pas exempts de risque d’effets indésirables.

« Nous insistons aussi sur le fait que la prévention ne se limite pas à la chimioprophylaxie mais inclut la protection antivectorielle, explique le Pr Hoen, ainsi que sur la nécessité de consultation médicale sans délai en cas de fièvre pendant le séjour ou dans les 3 mois qui suivent le retour ».

Par ailleurs, « les recommandations du HCSP ont été harmonisées avec celles des sociétés savantes internationales et de la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) », précise le Pr Bruno Hoen.

Pas d'antibiotiques systématiques

Pour les diarrhées du voyageur et autres risques liés au péril fécal, les indications et les modalités de l’antibiothérapie curative présomptive dans les diarrhées du voyageur ont été actualisées. « Nous insistons sur le fait qu’il n’y a pas lieu de traiter par antibiotiques de manière systématique toutes les diarrhées », souligne le Pr Hoen. Dans le cadre bien spécifique des syndromes dysentériques et des diarrhées graves non dysentériques au cours ou au décours d’un séjour en Asie, l’azithromycine est le traitement de première intention (les fluoroquinolones sont réservées aux très rares contre-indications de l’azithromycine). 

S’agissant des antibiotiques en prescription anticipée - dans le cadre de la trousse à̀ pharmacie de voyage -, un encadré́ revient sur les indications, les limites et les modalités de ce type de pratique, en soulignant qu’il ne s’agit pas forcément d’un blanc sein pour l’automédication.

À titre d’exemple, il peut être justifié d’emporter de l’azithromycine pour traiter une diarrhée grave, un sachet de fosfomycine - trométamol pour le traitement minute d’une cystite aiguë̈ chez la femme ou de l’ofloxacine auriculaire en cas de pratiques sportives particulières (baignades répétées, plongée sous-marine...) et/ou en cas d’antécédent d’otite externe.

On peut aussi envisager une prescription anticipée d’une bêtalactamine orale pour traiter une infection ORL ou pulmonaire d’allure bactérienne, en particulier en cas de maladie respiratoire chronique ou chez les jeunes enfants. Il est néanmoins recommandé que l’indication de l’antibiothérapie en cas de survenue d’un épisode infectieux ORL ou pulmonaire soit « chaque fois que possible confirmée par un avis médical, au minimum par téléphone ».

Dans tous les cas, la prescription doit être accompagnée d’explications sur les conditions de leur usage (indication, posologie, durée de traitement).

Jet lag, une place pour la mélatonine 

A noter également, la mise à jour du paragraphe sur le décalage horaire (ou « jet lag ») qui précise désormais les indications et les modalités d’utilisation de la mélatonine, « plusieurs études ayant montré un bénéfice de la mélatonine pour limiter les troubles du sommeil après des voyages couvrant plus de 5 fuseaux horaires, principalement dans le sens ouest-est », précise le Pr Hoen.

Par ailleurs, pour la première fois cette année, un paragraphe a été consacré à la « ciguatera ». Pour cette pathologie liée à la consommation de poissons de récifs coralliens contaminés par la neurotoxine ciguatoxine, seule la prévention est possible en l’absence de traitement curatif. 

Les vaccinations en évolution 

Parmi les autres nouveautés, plusieurs pays font leur entrée dans la liste des pays pour lesquels il existe une obligation vaccinale pour la fièvre jaune : Djibouti, Philippines, Qatar. A l’inverse, cette obligation vaccinale a été levée pour les pays suivants : le Bélize, l’Irak, la Géorgie du Sud, les Îles Sandwich du Sud, la Jordanie, le Kosovo et l’Uruguay.

Enfin, le paragraphe sur la leptospirose a été actualisé. La vaccination n’est pas recommandée de manière systématique. Elle peut être proposée, pour les régions où le sérovar Icterohaemorrhagiae circule de façon importante, aux adultes susceptibles d’avoir une pratique régulière et durable d’activités de loisir en eau-douce à risque d’exposition (baignade, plongée, pêche, rafting, autres sports de nature avec des contacts fréquents avec un environnement humide), dans des lieux infestés par les rongeurs.


Source : lequotidiendumedecin.fr