Les manipulations ostéopathiques sont réputées sans risque en pédiatrie (17), mais ce constat n’est pas suffisant pour les recommander faute d’avoir préalablement démontré leur efficacité dans des pathologies bien définies. Une récente revue de la littérature fait le point sur le sujet.
Méthodologie
Les auteurs ont identifié 19 509 articles jusqu’en novembre 2012 chez les enfants d’âge inférieur ou égal à 18 ans. 399 articles étaient éligibles. L’analyse était menée selon toutes les règles de la Cochrane Library. L’analyse et la formulation des données étaient effectuées indépendamment par 3 médecins. Finalement 17 articles furent inclus, totalisant 887 enfants.
Résultats
Les résultats sont donnés en fonction des pathologies.
Paralysie cérébrale (PG).
Chez 55 enfants, les MO du crâne et/ou le relâchement myofascial versus l’acupuncture (10 à 30 séances) n’ont entraîné aucune amélioration motrice au bout de 24 semaines. Autre étude : parmi 142 enfants atteints de PG comparés à 71 autres enfants également atteints de PG mais attendant un traitement ostéopathique, il n’a été observé au bout de 6 mois aucune amélioration ni sur les paramètres évaluant le bien-être (Child Health Questionnaire), ni sur la santé globale (Physical Summary Score).
Affections respiratoires.
Une petite étude (12 patients) n’a pas montré d’efficacité des MO au cours de la bronchiolite (3 patients) comparées au drainage de posture (9 patients). Dans l’asthme aucune amélioration de l’EFR n’a été observée. Chez 140 enfants asthmatiques comparés à 50 témoins, une amélioration significative du DEP a été observée. Une troisième n’a pas montré de diminution des épisodes d’apnée du sommeil chez 34 nourrissons.
Otites moyennes.
Les MO ont-elles un rôle adjuvant au traitement usuel des otites moyennes récidivantes. Chez 57 patients, 25 ayant reçu 9 séances en sus du traitement habituel et 32 le traitement usuel seul, aucune modification n’a été observée concernant l’utilisation des antibiotiques (p = 0,13) et les résultats audiométriques. Par contre, on a noté une diminution de la fréquence des épisodes aigus (p = 0,04), du recours aux paracentèses et aux yoyos (p = 0,01) et une amélioration des tympanogrammes (p = 0,02).
Fonctionnement musculo-squelettique.
Dans la scoliose idiopathique, l’OM n’a entraîné ni amélioration de la flexibilité vertébrale (p = 0,43) ni de la morphologie du tronc (p = 0,44) chez 10 adolescents (3 séances/semaine pendant 5 semaines) comparés à 10 autres n’ayant pas eu d’OM. Dans les dysfonctionnements mandibulaires une étude était négative, mais une autre montrait une amélioration des asymétries posturales chez 16 enfants traités par MO comparés à 16 autres non traités (p = 0,001).
Autres affections.
Les MO ont été utilisées avec succès au cours du syndrome d’hyperactivité de l’enfant ; chez les prématurés (diminution de la durée d’hospitalisation [p = 0,03] et augmentation du gain pondéral [p = 0,03]) ; chez les nourrissons atteints de coliques avec des douleurs se traduisant par des cris (p<0,02) et des troubles du sommeil qui furent améliorés (p<0,05); au cours de l’obstruction du canal lacrymal (mais on comprend pourquoi…); sur les troubles de la vidange vésicale.
Commentaires
Les MO ont été utilisées dans plus de 10 indications potentielles, très disparates. Les auteurs soulignent que cette hétérogénéité empêche toute évaluation globale des MO et s’oppose à toute tentative de méta-analyse. Enfin, les effectifs étudiés sont très restreints et le nombre total des enfants étudiés n’atteint pas 900.
Les études futures devraient se baser sur :
– une meilleure définition des techniques de MO (mobilisation articulaire, pressions ligamentaires, techniques de décontraction, relaxation myo-fasciale, etc.) ;
– l’indication de la durée des séances (20 à 60 mn) et de la durée totale du traitement ;
– une définition précise des pathologies traitées par MO; - des effectifs suffisants ;
– des groupes témoins homogènes (ce qui n’est le cas dans aucune des études ci-dessus), faits de patients non traités ou recevant des traitements variables bien définis (acupuncture, kinésithérapie respiratoire, etc.).
Des progrès dans ce domaine ne seront possibles que grâce à des études conformes aux recommandations actuelles des essais cliniques.
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