Dans le monde, 130 millions de femmes sont sexuellement mutilées, trois millions de fillettes et d’adolescentes subissent chaque année une mutilation sexuelle féminine (MSF), soit une toutes les 15 secondes. Ce phénomène qui concernait surtout le continent africain est apparu dans tous les pays accueillant une communauté significative d’émigrés. La France est le pays européen le plus concerné.
LES POPULATIONS CONCERNEES
L’excision concerne tous les milieux sociaux et toutes les communautés religieuses (musulmanes, chrétiennes et animistes). Cependant, plus le niveau d’étude augmente plus la prévalence des MSF diminue. Elle est inégalement pratiquée en Afrique, essentiellement en Afrique Centrale et en Egypte [cf carte des prévalences selon les pays p. 26 ou 66]. L’argument de l’appartenance communautaire reste fort et beaucoup de mères, souvent plus favorables aux MSF que les hommes, affirment être conscientes des dangers mais les font pratiquer car, selon elles, leurs filles ne trouveront pas de mari sans être « coupées ». Les victimes sont des fillettes de plus en plus jeunes, entre 0 et 4 ans ; la tranche d’âge 5-9 ans vient ensuite.
UNE MSF, C’EST QUOI ?
C’est l’ablation de tout ou partie des organes génitaux externes. Il en existe quatre types dont deux, à elles seules, représentent 95 % des mutilations : le type II (80 %), ablation partielle ou totale du clitoris et des petites lèvres, avec ou sans excision des grandes lèvres (excision) et le type III (15 %), rétrécissement de l’orifice vaginal avec recouvrement par l’ablation et l’accolement des petites lèvres et/ou des grandes lèvres avec ou sans excision du clitoris (infibulation) Le type I correspond à une clitoridectomie simple, le IV associe d’autres procédés de mutilation [cf tableau p67].
CONSÉQUENCES MÉDICALES ET PSYCHOSEXUELLES
L’excision est une mutilation sexuelle faite le plus souvent dans un contexte traumatique extrêmement violent. Ses conséquences sont multiples :
- médicales immédiates et à court terme : décès par hémorragie, douleur suraiguë, plaies supplémentaires du périnée, rétention aiguë d’urines, fistules, infections aiguës locales ou généralisées, transmission VIH ;
- médicales à long terme : hématocolpos, névrome cicatriciel du nerf dorsal du clitoris, douleurs vulvaires et pelviennes chroniques, dyspareunie, sclérose, rétractation vulvo-vaginale, infectons urinaires et vaginales très fréquentes dans les types III , complications obstétricales par risque plus élevé d’infections et de perte d’élasticité des tissus cicatriciels.
- conséquences psychosexuelles : altération de la sensibilité sexuelle, douleurs lors des rapports sexuels, vaginisme, frigidité…
La mutilation est vécue dans l’effroi et la sidération psychique, ce choc intense peut être ensuite responsable d’anxiété, de dépression.
CE QUE PEUT FAIRE LE MEDECIN
Le droit qui interdit et réprime la pratique des MSF s’applique aussi au sein de la famille et le secret médical peut être levé en cas de mutilation sexuelle ou de risque de mutilation sur une mineure.
-› La prévention et le dépistage passent par l’inspection de la région vulvaire lors de tout examen clinique général des enfants originaires de régions concernées. Cet examen est aussi recommandé à l’adolescence ; si l’adolescente le refuse, il est possible d’aborder le sujet avec elle sur le mode : « j’ai connu des filles de ton âge qui ont été concernées par… » Le refus doit être consigné dans le dossier médical.
-› Le médecin constate une MSF et la patiente est majeure. Il convient de lui dire que l’on a remarqué qu’elle était excisée ou « coupée » (éviter le mot mutilée) en faisant preuve d’une attitude empathique et respectueuse. On s’enquiert de son pays d’origine et on propose des explications ; la plupart des femmes étant dans une totale méconnaissance de ce qu’est l’excision. L’objectif est à la fois de la prendre en charge et d’éviter la répétition de ces pratiques chez ses filles. Prudence, certaines femmes, surtout les jeunes ayant été excisées dans la très petite enfance, ignorent qu’elles le sont, l’annonce doit alors être très progressive. Le médecin peut révéler les faits avec l’accord de sa patiente, et l’inciter à contacter un réseau spécialisé. L’identification d’une MSF chez une mère doit faire rechercher une MSF ou un risque de MSF chez ses filles.
-› La patiente victime d’une MSF est mineure. Le médecin doit faire un signalement, en expliquant son impérative nécessité à la famille même si celle-ci indique que les faits ont été commis hors du territoire français. Il alerte le Procureur de la République du ressort du domicile de la patiente par téléphone, fax ou courrier.
-› Le médecin a connaissance d’un risque de mutilation sexuelle pour une enfant ou une adolescente. Pour évaluer et prévenir ce risque, quelques questions doivent être abordées avec les mères au sujet de l’environnement familial (les autres membres de votre famille restés au pays sont-ils pour l’excision ? Qu’en pensez-vous? Y êtes-vous favorable ? Vos autres filles sont-elles excisées ?). Dans tous les cas de figure (atteinte avérée ou risque d’atteinte), il est conseillé d’informer la mère, au-delà des risques sanitaires de cet acte, des conséquences juridiques en soulignant leur caractère criminel et leur possible poursuite en France.
- Si le danger est connu et imminent, (par exemple une mère avertissant que sa fille va être en contact avec une exciseuse lors de ses prochaines vacances), le médecin a l’obligation d’alerter le Procureur de la République.
- Si le danger est connu mais pas imminent, il n’a pas d’obligation à intervenir mais il faut contacter au Conseil Général le CDRIP (Cellule de recueil des informations préoccupantes) ou l’Aide sociale à l’enfance (ASE).
Pour obtenir une information, il ne faut pas hésiter à composer le 119 - Allo enfance en danger www.allo119.gouv.fr
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