Que valent les inhibiteurs calciques dans le traitement du syndrome de Raynaud ? La revue Cochrane (1) s’est attachée à évaluer le rapport bénéfices/risques de ces médicaments en colligeant 38 études contrôlées et randomisées contre placebo, publiées jusqu’en mai 2017. L’objectif de cette revue sur 982 patients était de cerner globalement les effets des inhibiteurs calciques en fonction du type de médicament, de sa posologie et du type de phénomène de Raynaud (primitif vs secondaire).
Sur le plan symptomatique, le phénomène de Raynaud est une maladie vasospastique provoquant une pâleur, une cyanose des doigts ou des extrémités, des douleurs, pouvant aller jusqu’à la survenue d’ulcérations dans les cas graves. Il est déclenché principalement par le froid. Il peut être primitif ou secondaire, associé à une maladie de système, en particulier la sclérodermie.
Les inhibiteurs des canaux calciques (ICC), aux propriétés de vasodilatation, sont généralement utilisés en première intention dans le phénomène de Raynaud.
► Les ICC ont permis d'obtenir en moyenne 6 crises de moins par semaine (8/semaine chez les patients sous ICC, contre 14/semaine sous placebo).
► La durée des crises douloureuses n’était pas diminuée de manière significative (- 9 %) ; mais ce résultat a été obtenu sur un petit nombre de patients.
► La douleur a été réduite de 1,5 point sur une échelle de 0 à 10, soit une réduction absolue de 15 % avec les ICC comparativement au placebo. L’incapacité fonctionnelle a été réduite de 0,4 point sur une échelle de 0 à 10. La perception globale du patient était en faveur du traitement par ICC.
► Pour les chercheurs, les preuves étaient considérées de qualité moyenne : manque de puissance, imprécisions ou incohérences sur les critères de jugement. Le taux d’abandons de l’essai et le manque de données d’évaluation n'ont pas permis de mesurer le risque d’abandons en raison d’effets indésirables liés au traitement. Plus précisément, sur 100 personnes prenant un ICC, 25 abandonnaient l’étude, contre 19 sur 100 sous placebo.
Les effets secondaires les plus courants étaient des céphalées, des malaises, des nausées, des palpitations et des œdèmes des chevilles.
► Cette revue suggère que les inhibiteurs calciques (en particulier les médicaments appartenant à la classe des dihydropyridines, comme la nifédipine) à haute dose ont un réel intérêt dans le traitement du phénomène de Raynaud, en particulier le primitif, où le bénéfice est mieux étayé. Malgré un taux légèrement supérieur d’abandons en raison de problèmes de tolérance dans les groupes avec traitement, aucun effet indésirable grave de type décès ou hospitalisation n’a été rapporté.
1- Source : Rirash F, Tingey PC, Harding SE et al. Calcium channel blockers for primary and secondary Raynaud's phenomenon. Cochrane Database of Systematic Reviews 2017, Issue 12. Art.
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