«En traitant un mélasma, le risque est d’en faire trop, d’être nocif et de provoquer alors une hyperpigmentation post-inflammatoire », explique le Pr Laila Benzekri, dermatologue à Rabat (Maroc) qui a animé une session de FMC sur la prise en charge du mélasma aux Journées dermatologiques de Paris (12 au 16 décembre 2017).
► Le mélasma se caractérise par une hyperpigmentation du visage touchant habituellement de manière symétrique les joues, le front et le pourtour de la bouche. Les phototypes foncés sont plus souvent concernés. En plus de facteurs génétiques (il existe des formes familiales) et hormonaux, de nombreux rayonnements sont impliqués dans la survenue du mélasma : UVA, UVB, infra-rouges et rayonnements visibles. Les frictions mécaniques et les agressions thermiques sont des facteurs aggravants. En dehors de la grossesse, un mélasma peut survenir lors d’une contraception hormonale (même à base de progestatif seul), au cours d’un traitement hormonal de la ménopause (THM) ou encore chez un homme lors d’une hormonothérapie pour cancer de la prostate.
La prise en charge diffère en fonction de l’importance et de l’évolution du mélasma.
► Le mélasma bénin spontanément résolutif disparaît dans 40 à 60 % des cas, 6 à 8 mois après l’accouchement ou l’allaitement. Si la femme est sous contraceptif hormonal, il faut attendre 4 à 6 mois après son arrêt. Une photoprotection est récommandée : chapeau à large bord, lunettes et un écran solaire protégeant des rayonnements en cause.
► Le mélasma bénin réversible sous traitement : s'il n’a pas disparu avec le temps – après l’arrêt de l’imprégnation hormonale –, en plus de la photoprotection, un topique dépigmentant peut être indiqué, à base d’hydroquinone 2 à 5 %, d’acide azélaïque ou kojique, ou par la triple association de Kligman (hydroquinone, hydrocortisone, acide rétinoïque). Mieux vaut traiter en automne ou en hiver, et commencer par le topique le moins irritant. Si le résultat est décevant, des peelings superficiels à base d’acide lactique à 90 % ou d’acide glycolique à 30 % peuvent être ajoutés une à deux fois par mois.
► Le mélasma compliqué d’une hyperpigmentation post-inflammatoire correspond généralement à un usage exagéré de topiques ou d’autres moyens (lasers) qui ont aggravé la situation. La prise en charge commence par le contrôle de l’inflammation (en arrêtant les éventuels traitements topiques). Puis, en plus d’une photoprotection, on prescrit de l’acide tranexamique. Cette molécule anti-hémorragique est utilisée hors AMM pour ses effets anti-inflammatoire et dépigmentant (voie orale et/ou locale pendant 6 mois). Si l’effet s’avère positif, l’acide tranexamique peut être continué et être associé à des peelings superficiels.
1- Evidence-based treatment for melasma : Dermatol Ther 2014 ; 4 : 165-186. 2- Near-visible light and UV photoprotection in the treatment of melasma : a double-blind randomized trial. Photodermatol Photoimmunol Photomed. 2014 Feb ; 30 (1) : 35-42.
La prise en charge du #melasma au congrès Journées dermatologiques de Paris @sfdermato La réponse du Dr Laila Benzekri pic.twitter.com/SoG5AQhueB
— Le Généraliste (@LeGene_hebdo) 13 décembre 2017
Cas clinique
Le prurigo nodulaire
Étude et pratique
HTA : quelle PA cible chez les patients à haut risque cardiovasculaire ?
Mise au point
Troubles psychiatriques : quand évoquer une maladie neurodégénérative ?
Cas clinique
L’ictus amnésique idiopathique