Cas clinique

Le kyste osseux anévrismal

Publié le 26/04/2024
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Le kyste osseux anévrismal (KOA) est une pathologie rare secondaire à des variations hémodynamiques et touchant le plus souvent l’enfant ou l’adolescent. Le diagnostic est posé suite à une fracture sur un terrain fragilisé par un foyer d’ostéolyse. Un bilan histologique est fondamental pour éliminer une lésion maligne sous-jacente.

Koa

CAS Nous sommes appelés au chevet de Thomas, 17 ans, qui hurle du fait d’une douleur secondaire à une chute de faible intensité. Nous sommes très surpris du décalage entre la symptomatologie évoquée par ce patient et le traumatisme de faible importance relaté.

Cependant, force est de constater l’impotence fonctionnelle du membre inférieur droit, mais aussi la déformation de la cuisse droite.

Une radiographie est effectuée en urgence qui objective une fracture déplacée sous-trochantérienne, et une plage ostéolytique.

Du fait de ce foyer ostéolytique, un scanner (cliché 1) et une IRM ont été réalisés.

Ils ont permis de mettre en évidence le foyer fracturaire déplacé, la formation ostéolytique de 5 cm, et enfin une infiltration liquidienne au pourtour de la zone fracturée.

Le chirurgien orthopédique a effectué une réduction de la fracture, et en parallèle a réalisé une biopsie au niveau du foyer ostéolytique qui a permis de poser le diagnostic de kyste osseux anévrismal (KOA).

INTRODUCTION

Le KOA est une affection rare (0,14 cas pour 100 000 patients), observée le plus fréquemment chez les adolescents ayant moins de 20 ans.

Différentes localisations sont mises en évidence (40 % des cas au niveau des os longs) :

- les plus fréquentes siègent au niveau des membres inférieurs (fémur ou tibia),

- plus rarement, des formes se développent au niveau du bassin, de l’humérus, mais aussi des vertèbres (arc vertébral postérieur).

Classiquement, deux types de KOA sont décrits : le KOA primitif solitaire (70 % des cas) et le KOA secondaire à une pathologie préexistante ou maligne (30 % des cas).

De nombreux spécialistes mettent en avant la responsabilité de facteurs hémodynamiques : une communication artério-veineuse, ou une thrombose veineuse, favoriseraient une augmentation de la pression du flux sanguin. Cette modification rhéologique serait responsable d’une hémorragie tissulaire, mais favoriserait aussi une résorption osseuse.

CLINIQUE ET DIAGNOSTIC

Cliniquement, le KOA est dans la très grande majorité des cas asymptomatique.

On effectue le diagnostic lors d’un traumatisme induisant une fracture sur un os fragile compte tenu du foyer ostéolytique (douleur intense souvent car fracture déplacée).

Différents examens paracliniques permettent de poser le diagnostic :

- La radiographie, le scanner et l’IRM mettent en évidence le foyer d’ostéolyse, mais aussi des niveaux liquidiens (en relation avec le saignement au sein de cette structure, qu’il soit récent ou ancien) et des logettes entourées de septa (IRM). Ces examens permettent également d’évaluer le caractère évolutif du KOA. Trois situations sont classiquement décrites : une forme inactive avec des cloisons bien limitées et une ossification sous-périostée bien délimitée, la forme active avec une ossification sous-périostée non continue en superficie, et la forme agressive avec ostéolyse mal définie autant en superficie qu’en profondeur.

- L’examen anatomopathologique (indispensable pour éliminer un KOA secondaire) met en évidence un tissu spongieux avec des lacunes bordées par des septa, et des cellules géantes dont le nombre est limité avec des noyaux volumineux.

PRISE EN CHARGE

Dans un premier temps, il est nécessaire d’apprécier l’évolutivité du KOA.

Pour les formes peu agressives, on peut se contenter d’effectuer une surveillance régulière.

Pour les autres formes, différents traitements peuvent être réalisés :

- l’embolisation au moyen du N-2 butyl cyanoacrylate, mais qui est à l’origine de récidives (près de 40 % des cas),

- les traitements par voie générale comme les biphosphonates ou certaines biothérapies (cas du dénosumab),

- la chirurgie (curetage simple),

- la sclérothérapie par polidocanol.

 

Bibliographie

1. El Bakkaly A, Dris Hanine M, Amrani A, et al. Kyste anévrismal de la clavicule à propos d’un cas.

2. Cottalorda J, Louahem D, Prodhomme O, Cyteval C. Kyste osseux anévrismal primitif : nouvelles thérapeutiques en 2014 : mise au point. E-mémoires de l’Académie nationale de chirurgie 2014 ; 13 (3) : 73-82.

3. Assini Eyogho SF, Miloundja J, Niang P, et al. Kyste osseux anévrysmal bimaxillaire : présentation d’un cas. Médecine buccale et chirurgie buccale 2011 ; 17 : 45-50

 

Dr Pierre Francès (généraliste à Banyuls-sur-Mer), Vlada Liaschenko (externe à Montpellier), Inès Jose (interne en médecine générale à Montpellier)

Source : Le Quotidien du Médecin