Les Nouveaux Animaux de Compagnie (NAC) sont les animaux autres que les chiens et les chats. Cet acronyme a été créé en 1984 par Michel Bellangeon qui fonda ensuite le GENAC (Groupe d’Etude des Nouveaux Animaux de Compagnie). Leur nombre augmente régulièrement : rongeurs, reptiles, oiseaux exotiques, batraciens, mygales, scorpions, caméléons, singes, etc. Cet engouement pour les NAC est lié à la mode, à une curiosité pour un animal inhabituel, à l’isolement des personnes, mais bon nombre de ces animaux n’ont pas vocation à vivre avec l’homme, dans des appartements, pour lui tenir compagnie …
Ce phénomène a commencé il y a plusieurs décennies aux États-Unis. Il a ensuite gagné la plupart des pays d’Europe, dont la France où les NAC représenteraient 5 % des animaux de compagnie. En France, 800 000 reptiles étaient déclarés en 2002 alors qu’ils étaient 9 millions aux Etats-Unis.
Les conséquences de ce comportement peuvent être néfastes : disparition d’espèces, commerce clandestin, abandon d’animaux et mauvais traitements, risques allergiques et infectieux pour l’homme (l’arrêté du 10 août 2004 exige un certificat de capacité pour la vente, mais, également dans certains cas pour la détention des animaux non domestiques, mais les règlements ne sont pas toujours respectés).
LES DIFFÉRENTS TYPES DE NAC
Parmi les NAC, les rongeurs sont les plus nombreux, mais ils ne sont pas les seuls : carnivores (furets, fennecs, hermines), reptiles (boas, pythons), tortues, lézards (iguanes), arthropodes (scorpions, araignées, myriapodes), oiseaux (perroquets, passereaux), amphibiens (grenouilles), poissons, escargots, crustacés, et beaucoup d’autres animaux. L’allergénicité des rongeurs est importante. L’atopie est un facteur de risque d’acquisition d’une allergie à l’animal : parmi 5 641 individus exposés, le risque allergique est 3 fois plus élevé chez les atopiques. Dans une autre étude, les animaux en cause étaient surtout des rongeurs : cochons d’Inde, lapins, hamsters, souris et rats. Les allergènes sont surtout présents dans l’urine, mais aussi la salive, les épithéliums, et les follicules pileux.
ALLERGIE AUX RONGEURS
Souris et rats
Décrits en 1983, les premiers cas étaient des anaphylaxies, l’un par morsure de rat, l’autre de souris. Un autre cas grave a été décrit après morsure d’une fillette de 9 ans par une souris. Les autres cas concernent des professionnels exposés, laborantins et vétérinaires. Les symptômes d’allergie sont parfois secondaires à la nourriture des animaux, aux désinfectants, et aux endotoxines produites par les NAC.
Lapin et lièvre
Le lapin peut provoquer des symptômes d’allergie, mais leur fréquence est rare par rapport au nombre de leurs détenteurs dans les maisons. Trois cas de rhinite et d’asthme allergiques par exposition au lapin au domicile concernaient des adultes (2 atopiques). Deux avaient deux lapins ou plus, depuis 6 mois à 2 ans. Cette allergie était IgE dépendante (Rast compris entre 4,86 et 41 kUA/L). Un autre cas était du à l’épithélium et non aux poils, un autre à l’épithélium et à l’urine de lapin.
Un cas d’allergie au lièvre a été rapporté chez une femme de 46 ans, atopique, qui avait déjà une rhinite et un asthme par allergie aux pollens. Deux ans plus tôt, elle avait acquis deux lièvres pour en faire des animaux de compagnie. Un an plus tard, elle développa un asthme persistant. Le diagnostic d’allergie au lièvre fut confirmé par la positivité des tests cutanés et du dosage des IgE spécifiques dirigées contre le lièvre. Il existait une réactivité croisée entre les épithéliums de lièvre et de lapin, due à une glycoprotéine de 19 kDa, allergène majeur du lapin.
Cobaye
Comme les souris et les rats, le cobaye ou cochon d’Inde (Guinea pig) provoque des allergies chez 30 % des professionnels exposés. Un cas d’anaphylaxie est connu chez un laborantin dont les symptômes devaient disparaître après changement de profession. Les allergènes sont présents dans les poils et l’urine des cobayes. L’allergie au cobaye au domicile est très peu signalée car cet animal est réputé d’humeur facile ! Il est également possible que de nombreux cas ne soient pas détectés ou publiés, comme pour le lapin.
Hamsters
L’allergie au hamster (Muridé) est par contre beaucoup plus fréquente et grave que l’allergie au cobaye. Plusieurs cas d’anaphylaxies graves nécessitant l’injection d’adrénaline ont été rapportés.
Bertó et al. ont rapporté une série de 6 cas d’allergie au hamster de Sibérie (Critecus critecus) chez 4 femmes et 2 hommes âgés de 19 à 43 ans. Trois patients étaient exclusivement sensibilisés à Critecus critecus, les autres étant polysensibilisés aux acariens, au chat, à une moisissure (Alternaria) et au pollen d’olivier. Tous étaient atteints de symptômes modérés à sévères (conjonctivite, rhinite, asthme). Les tests cutanés étaient fortement positifs avec des papules mesurant le plus souvent plus de 10 mm pour différents hamsters, Critecus critecus, Mesocritecus auratus et Phodopus sungorus. Ils étaient négatifs chez les témoins. De plus, les IgE sériques spécifiques dirigées contre le hamster étaient fortement positives. Au cours du test de provocation bronchique,deux de ces six patients avaient une réponse bronchoconstrictrice immédiate.
Il existe des syndromes d’allergies croisées : allergie aux viandes de cheval et lapin chez une femme qui avait de l’asthme depuis l’acquisition d’un hamster un an plus tôt. Elle était également sensibilisée au chat et au chien. Ces allergies croisées seraient dues à une exposition préalable aux épithéliums de mammifères, la sérumalbumine semblant être en cause (Autre cas d’allergies chat/viandes : l’allergie « porc-chat »).
Autres rongeurs ou et carnivores
D’autres animaux sont des NAC potentiellement allergisants : chinchilla, gerboise et gerbille, chien de prairie. Il s’agit le plus souvent d’allergies sévères. Dans la série de 6 cas d’allergie aux chinchillas présents au domicile décrite par Cistero-Bahina, les patients, adultes et enfants, avaient une rhinite et/ou un asthme perannuel. Chez 1 enfant et 3 adultes, les symptômes furent reproduits par un test de provocation nasal.
Quelques cas d’anaphylaxie ont été décrits après morsure de gerbilles de Mongolie. Au Japon, Onaka et al. ont décrit le premier cas d’anaphylaxie associée à une détresse respiratoire après morsure d’un chien de prairie (Cynomus ludovicianus) qui, contrairement à son nom commun, fait partie de la famille des rongeurs. Son état nécessita une réanimation intensive. Ce NAC inédit est normalement interdit en France.
Allergie aux carnivores
Le seul NAC de cet ordre de mammifères qui compte beaucoup de compagnons classiques (chien, chat) est le furet, traditionnellement utilisé pour la chasse aux lapins. Aux États-Unis, le furet est même le 3e animal de compagnie derrière le chat et le chien !
Codina a publié le cas d’un homme de 41 ans qui développa une crise d’asthme aigu grave (presque fatale) après avoir lavé son furet. Il avait aussi une dermite de contact, une rhino-conjonctivite et un asthme allergique lorsqu’il touchait simplement l’animal. Le furet est un mustélidé comme la loutre et le putois (son cousin non domestique). Le vison américain est aussi un petit carnivore de compagnie.
ALLERGIE AUX REPTILES ET BATRACIENS
Dans la famille des reptiles et des batraciens se trouvent de nombreux NAC, en particulier des lézards et serpents. Plusieurs cas graves d’allergie (conjonctivite, rhinite, asthme) par exposition à des iguanes ont été décrits, ainsi qu’une anaphylaxie après morsure.
Le monstre de Gila est un sphénodon dont il n’existe que deux espèces. Heloderma suspectum vit surtout dans le désert de Gila en Arizona et au Mexique. De 40 à 60 cm de long, sa peau trop perméable pour qu’il puisse supporter le soleil plus d’une dizaine de minutes au risque de mourir. Il est très venimeux pour les animaux et l’homme. Le lézard perlé (Heloderma horridum) est granuleux, plus laid, plus gros et plus venimeux que le précédent.
En une soixantaine d’années, plus d’une trentaine d’anaphylaxies (gravissimes ou mortelles) ont été rapportées après morsure de monstres de Gila, le plus souvent des envenimations, mais aussi des allergies IgE-dépendantes. Leur venin contient plusieurs substances de nature protéique et non-protéique : sérotonine, bradykinine, protéases, hyaluronidase, hélodermine, gilatoxine, très dangereuses.
Certains de ces lézards vivent en captivité (ce qui est fortement déconseillé). Ces animaux exposent à des salmonelloses et leur morsure à des cellulites à Serratia marcescens.
ALLERGIES A D’AUTRES ANIMAUX
Des singes, des araignées (mygales), des scorpions, des mangoustes, divers félins, des oiseaux exotiques (perroquets), des caméléons (etc.) sont aussi des NACs. Un cas d’anaphylaxie après morsure d’un singe de Bornéo, Nycticebus coucang (Singe paresseux) a été rapporté.
Il faut distinguer des allergies vraies aux NAC des allergies par procuration dues à leur habitat (allergie au Ficus benjamina dans lequel se trouvait un caméléon) ou à leur alimentation, (millet servant à alimenter un perroquet ou crevettes nourrissant une tortue).
CONCLUSION
Il n’y a pas lieu de stigmatiser les détenteurs de NAC très souvent des enfants auxquels ils sont très attachés. Il faut rappeler que les individus déjà atteints d’autres allergies sont exposés au risque de développer une allergie aux NAC. Il faut aussi souligner que l’adoption d’un animal de compagnie doit se faire dans un contexte réglementaire et dans le souci du bien-être de l’animal. Pour les animaux rares, fragiles, exotiques, qui ne sont pas destinés à vivre avec l’homme dans un appartement, la plus grande réflexion s’impose avant un achat qui ne devrait jamais s’apparenter à un acte de consommation.
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