Infectiologie

La vaccination contre la varicelle

Publié le 27/11/2009
Article réservé aux abonnés
Très contagieuse et très répandue, cette infection due au virus varicella-zoster (VZV) est en règle générale bénigne chez les enfants. Elle peut être responsable de formes graves chez l'adulte, notamment chez la femme enceinte. Aussi, faut il protéger de la maladie ceux qui ne l’ont pas contractée pendant leur enfance.

Crédit photo : ©BSIP/GUILLAUME P.

La vaccination contre la varicelle n'est pas indiquée pour les jeunes enfants en bonne santé. Contractée durant l'enfance, la varicelle est habituellement sans complications et entraine une protection à vie. Du fait de son caractère extrêmement contagieux, plus de 90 % des jeunes adultes sont immunisés (5).

Chez l'adolescent et l'adulte, la sévérité de la maladie augmente avec l'âge. Les formes sont plus importantes, plus diffuses, avec une fréquence augmentée de localisations pulmonaires et des encéphalites. Chez la femme enceinte, la varicelle représente un réel risque pour la mère compte tenu de la gravité des pneumopathies, et un risque de malformations fœtales et de varicelles néonatales. C’est pour prévenir ces formes que la vaccination est recommandée (1,3).

Qui vacciner?

Il n’est pas toujours simple de savoir qui est ou non immunisé. En général, les patients le savent mais environ 90 % des adultes et des adolescents qui déclarent ne pas être immunisées le sont en réalité. Ce qui pose la question de l'intérêt d’un contrôle sérologique préalable à la vaccination.

-› En l’absence d'antécédent connu de varicelle ou si l'histoire en est douteuse, cette vaccination est recommandée chez :

- les adolescents de 12 à 18 ans ;

- les femmes en âge de procréer, notamment celles ayant un projet de grossesse. Un contrôle sérologique peut être pratiqué. Attention: toute vaccination contre la varicelle chez une femme en âge de procréer doit être précédée d'un test négatif de grossesse. De plus selon l'AMM, une contraception efficace de trois mois est recommandée après chaque dose de vaccin. Du fait de ces contraintes, il est difficile de se priver d’un contrôle sérologique préalable ;

- dans les suites d'une première grossesse, sous couvert d'une contraception efficace ;

- peut aussi être administré aux sujets « réceptifs » exposés à la varicelle. Une vaccination dans les 3 jours suivant l’exposition peut prévenir une infection clinique ou modifier son développement. La vaccination jusqu’à 5 jours après l’exposition pourrait modifier le développement de l’infection

- les professionnels de santé - cette vaccination devrait être systématique en première année d'études médicale ou paramédicale - et tous les professionnels au contact avec la petite enfance, en particulier dans les crèches et les collectivités d’enfants ;

- toute personne en contact étroit avec des malades immunodéprimés dont le risque de complication est élevé (attente de greffe, leucémie, cancer…), en les informant de la nécessité, en cas de rash généralisé, d’éviter tout contact avec eux pendant 10 jours ;

- dans les six mois précédent une greffe d’organe solide chez les enfants ayant une sérologie négative (4).

Pourquoi ne pas vacciner les enfants?

Des vaccins quadrivalents avec rougeole, oreillons rubéole, varicelle ont une AMM européenne (Proquad® et Priorix Tétra®), mais la Commission de sécurité sanitaire du Haut conseil de santé publique déconseille le remplacement du trivalent par le quadrivalent de même que toute vaccination systématique par le vaccin isolé contre la varicelle.

Cette recommandation repose sur les résultats de la surveillance active de la varicelle menée aux Etats-Unis depuis la vaccination universelle en 1995, montrant montrant qu'une vaccination généralisée des nourrissons induit certes une diminution de l'incidence globale de la varicelle mais s'accompagne d'un déplacement de l’âge de sa survenue. Cette évolution pourrait aboutir à une augmentation de l’incidence des varicelles chez les adolescents, les adultes, les femmes enceintes ou en post-partum. En outre, une vaccination généralisée comporte un risque d’augmentation de l’incidence des zonas - la circulation du virus, à l’origine de rappels naturels, entretient l’immunité vis-à-vis de la maladie. Pour des couvertures vaccinales qui ne dépasseraient pas 80 à 90 %, à l’équilibre, le nombre de cas graves chez l’adulte serait supérieur à celui observé en l’absence de vaccination (2).

Modalités de la vaccination

Deux vaccins monovalents contre la varicelle sont actuellement disponibles: Varilrix® (SER 0,5 ml) et Varivax® (PDR+2AIG+SER 0,5ml) et tous deux pris en charge par l’Assurance maladie dans le cadre limité des recommandations. Ce sont des vaccins vivants atténués donc contre-indiquées durant la grossesse et chez les patients immunodéprimés.

-) Les sujets à partir de 12 mois doivent recevoir deux doses espacées d’au moins 1 mois. Le faible recul vis-à-vis de cette vaccination fait qu’il n’est pas actuellement possible de préciser la durée de protection conférée par ces vaccins.

Dr Catherine Freydt (rédactrice, médecin généraliste à Chatou, fmc@legeneraliste.fr), sous la responsabilité scientifique du Pr Daniel Floret, Président du Comité Technique des Vaccinations, Service d’urgence et de réanimation pédiatriques, Hôpital Femme

Source : Le Généraliste: 2506