Michèle, 43 ans, est une grande sportive. Elle s’entraîne régulièrement dans des stades pour améliorer ses performances en athlétisme. Depuis plus d’un an, elle se prépare pour le marathon de Paris. Trois fois par semaine, elle court sur des distances supérieures à 20 kilomètres. Mais il y a 7 jours, elle a éprouvé une légère douleur au niveau de son talon droit, douleur exacerbée au fil de la reprise des activités sportives que Michèle s’est imposée. En parallèle, elle a noté une lésion ulcérée à la base du talon d’Achille (cliché 1). Cette patiente a décidé de consulter, ne voulant pas interrompre sa préparation.
L’examen clinique retrouve une douleur centrée sur le talon et l’arrière pied droit.
Compte tenu de cette symptomatologie, et de l’importance de la douleur, nous avons programmé une radiographie de son pied droit qui permet d’identifier une déformation calcanéenne (saillie du coin postéro-supérieur du calcanéum) avec une verticalisation de son axe (cliché 2). Cette déformation associée à l’ulcération du talon est un élément caractéristique de la maladie de Haglund.
INTRODUCTION
La maladie de Haglund a été décrite pour la première fois en 1928. L’âge médian de cette maladie est de 33 ans, et concerne deux fois plus les hommes que les femmes.
Cette pathologie, qui touche fréquemment les deux pieds, est en rapport avec un conflit au niveau de la région rétro-calcanéenne. On retrouve souvent, à l’origine, des exostoses postérieures du calcanéum. Le siège de ces excroissances osseuses peut être la zone d’insertion du tendon d’Achille, mais aussi la bourse pré-achilléenne, tout comme la partie supérieure de la grosse tubérosité.
L’origine de la maladie de Haglund peut être de plusieurs ordres : anomalie structurale du pied (pied creux), dysplasie du calcanéum, traumatique (pratique sportive le plus fréquemment), rhumatismale, inflammatoire, mais aussi parfois idiopathique.
Parmi les sports en cause : la course, le tennis, le football.
SYMPTOMATOLOGIE
Le symptôme qui prédomine est la douleur centrée sur l’arrière pied. On peut objectiver également une tuméfaction au niveau du talon, qui peut engendrer une gêne à la marche et de la flexion dorsale.
Dans certains cas (comme chez Michèle), on peut noter une inflammation cutanée en regard de la tuméfaction, voire dans certains cas une ulcération du revêtement cutané au niveau de la zone du conflit. On peut aussi retrouver une bursite ou une tendinopathie concernant le plus souvent le tendon d’Achille.
DIAGNOSTIC
L’interrogatoire et l’examen clinique peuvent suffire pour poser le diagnostic.
Cependant, il est souvent utile d’effectuer des radiographies de profil objectivant une proéminence de l’angle postéro-supérieur du calcanéum. Néanmoins, cette anomalie radiologique peut être mal appréciée du fait de l’existence d’un fibrocartilage non visible. Dans ce cas, on peut mesurer certaines angulations (Fowler-Philips, Chauveaux) montrant la verticalisation du calcanéum, mais aussi l’importance de la proéminence calcanéenne.
L’échographie met en exergue une éventuelle bursite, une possible tendinopathie associée dans certains cas à une rupture du tendon d’Achille et des signes en faveur d’une irritation des tissus mous. Un complément d’étude des parties molles peut être effectué par une IRM.
PRISE EN CHARGE
→ Une prise en charge symptomatique dans un premier temps. On recommande d’appliquer de la glace sur la zone concernée. En parallèle, il est possible d’administrer des AINS, ou pratiquer de la mésothérapie. On peut réaliser des infiltrations de corticoïde en cas de tendinopathie. Par ailleurs, il faut effectuer une prescription de talonnette ou d’orthèse plantaire. On recommande le port de chaussures larges et peu serrées. La rééducation est également un impératif avec la réalisation d’exercices de proprioception, un recours aux ultrasons, et ondes de choc extracorporelles radiales ou focales.
→ Une prise en charge chirurgicale. Elle est effectuée en cas d’échec des traitements symptomatiques précédents. Deux types d’intervention peuvent être proposés :
• une résection de l’angle postéro-supérieur du calcanéum par ostéotomie calcanéenne cunéiforme (intervention de Zadek),
• une résection osseuse associée à une excision de la bourse séreuse du calcanéum et/ou l’excision des lésions tendineuses dégénératives.
Bibliographie
1. Shimi M, Abedelghani A, Ezzahra AF. La maladie d’Haglund. Revue Marocaine de Rhumatologie 2014 ; 29 : 14-18.
2. Bouysset M. Pathologie ostéoarticulaire du pied et de la cheville : approche médico-chirurgicale. Ed. Springer 2004.
3. Delagoutte JP, Gervaise A. Pathologie du tendon achilléen. Encyclopédie Médico-chirurgicale. Appareil Locomoteur 2010 ; 15-180-A-10.
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