« Mme P, 45 ans, souffre depuis deux jours d'une lombalgie aiguë qui la cloue au lit. Elle demande à son médecin de la remettre rapidement sur pied pour qu'elle puisse faire face à nouveau à sa charge de travail au bureau et à la maison...»
Diagnostic différentiel
Neuf fois sur dix, une lombalgie aiguë est liée à un surmenage du rachis lombaire, par exemple lors du port de charges lourdes. Mais dans une vie de devoir où les contraintes sont importantes et les moments de détente rares, son risque de survenue est plus grand. Cet accident aigu survient aussi en présence d’une mauvaise condition physique, d’une surcharge pondérale, de tensions musculaires liées à des stress répétés ou de la fatigue accumulée. Selon les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS)*, l'évaluation initiale doit faire le diagnostic différentiel entre ce type de lombalgie aiguë et les lombalgies dites « symptomatiques » d'une fracture vertébrale, d'une néoplasie, d'une infection osseuse...
Un accident aigu à replacer dans son contexte
Une fois le diagnostic différentiel établi, la plainte concernant une lombalgie aiguë commune dépasse souvent le seul cadre du symptôme physique et doit être replacé dans son contexte. Ce type de patient demande avant tout une écoute pour laquelle les qualités empathiques du médecin sont essentielles, écoute active qui ouvrira sur le contexte de vie du patient pour l'aider, le cas échéant, à faire le lien entre cet accident aigu et son mode de vie actuel. Pour Mme. P., par exemple, il faut tenter de comprendre pourquoi elle veut être remise sur pied si rapidement pour reprendre son mode de fonctionnement habituel alors que cette lombalgie est peut-être l'occasion de faire une pause et d'aménager ses priorités pour moins de contraintes et plus de détente ultérieurement.
Facteurs psychologiques et socioprofessionnels
« ...Parmi les éléments d'évolution vers la chronicité, les facteurs psychologiques et socioprofessionnels sont retrouvés de façon fréquentes... » (niveau de preuve grade B) poursuit la Haute Autorité de Santé (HAS) dans ses recommandations* sur « la prise en charge diagnostique et thérapeutique des lombalgies et lombosciatiques communes ». En effet, la responsabilité des conditions de travail, de la vie familiale, sociale ou d'évènements récents est souvent retrouvée lors de survenue d'une lombalgie aiguë et dans son passage à la chronicité. Deuil, surmenage, accumulation de soucis, mais aussi, sur le plan professionnel, surcharge et pénibilité du travail, manque de reconnaissance sociale, stress générateurs d'anxiété, de tensions ou de peurs dans le cadre professionnel... : autant de facteurs favorisants à identifier. « Ces facteurs psychosociaux jouent un rôle important dans la douleur et l'incapacité, et influent sur la réponse du patient au traitement et à la rééducation » souligne un rapport de l'Institut National Scientifique de Recherche Médicale sur les « lombalgies en milieu professionnel » (Inserm, 2000).
Des bénéfices secondaires à déjouer
L'intérêt d'une prise en charge globale d'une lombalgie, dès le premier épisode aigu, dans ses dimensions à la fois somatiques, psychologiques et sociales est de prévenir sa récidive ou son passage à la chronicité. Un risque particulièrement important dans des milieux professionnels comme les métiers du bâtiment, du transport professionnel, des paramédicaux, mécaniciens, coiffeurs... où le rachis lombaire est exposé du fait du port de charges lourdes ou des vibrations répétées. Un accident du travail pour lombalgie aiguë peut vite s'enkyster et devenir, même en l'absence de lésions objectivables, subaigu puis chronique et évoluer vers une sinistrose où se mêlent souffrance psychologique et revendication sociale. Ce statut de « lombalgique » peut alors être l'occasion de tirer des bénéfices secondaires : exemption de travaux pénibles, être « ménagé » voire plaint... La prévention de ce type d'évolution passe par le repérage des structures de personnalités pathologiques à risque (immaturité psychoaffective, personnalité dépendante...) et par une écoute des difficultés professionnelles. C'est un moyen d'éviter l'enkystement de la symptomatologie lombalgique dans la chronicité voire la sinistrose, la désinsertion et la revendication sociale.
Impliquer le patient dans son traitement
Au-delà de cette écoute et de cette approche globale du diagnostic, le traitement passe par la prescription de médicaments, de physiothérapie et de conseils d’hygiène de vie. Mais il faut envisager avec le patient concerné ce qui pourrait l’impliquer dans son traitement et le soulager, comme la kinésithérapie ou l'exercice physique régulier…, à adapter à chaque patient en fonction de son mode de vie, de son âge, de ses goûts : marche, vélo, natation, sport en salle sous surveillance d’un professionnel, 20 à 30 minutes par jour. Des programmes d’exercices et de reconditionnement physique par un kinésithérapeute améliorent aussi l’état fonctionnel du rachis et préviennent les récidives. Enfin la prescription d’une ceinture de contention lombaire a fait également ses preuves d’efficacité dans le traitement des lombalgies aiguës et pour prévenir les récidives.
* Prise en charge diagnostique et thérapeutique des lombalgies et lombosciatiques communes de moins de trois mois d'évolution, recommandations, Haute Autorité de Santé (HAS), février 2000
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