L'enjeu du repérage précoce est de ne pas laisser le patient s'enfermer dans sa conduite anorexique. Les retards diagnostiques sont préjudiciables et la prise en charge, lorsqu'elle est tardive, se heurte à un trouble déjà bien organisé, difficile à quitter pour le sujet.
Une détection et un traitement précoces des TCA réduisent, en revanche, le risque d'évolution vers l'anorexie chronique et permettent une amélioration du pronostic de l’anorexie mentale, en particulier chez les adolescents.
Des données issues de la littérature internationale montrent ainsi qu'un patient détecté par le médecin généraliste avant ou à l'âge de 19 ans a 4 fois plus de chance de guérir de son anorexie (1). Or celle-ci n'est pas toujours repérée en tant que telle par les médecins de premier recours.
En fait, pendant les 5 ans précédant la détection des troubles du comportement alimentaire, ces sujets consultent leur médecin significativement plus fréquemment que les autres patients, pour des plaintes psychologiques, gastro-intestinales ou gynécologiques consécutives à l’anorexie ou ses complications.
Qui dépister ?
Il est recommandé de cibler le repérage sur les populations à risque, qui ont en commun une forte préoccupation de l'image du corps (2) :
- adolescentes ;
- jeunes femmes ;
- mannequins ;
- danseurs et sportifs (disciplines esthétiques ou à catégorie de poids : sports valorisant ou nécessitant le contrôle du poids ; disciplines à faible poids corporel tels les sports d’endurance), notamment de niveau de compétition ;
- sujets atteints de pathologies impliquant des régimes telles que le diabète de type 1, l’hypercholestérolémie familiale…
Attention aux formes tardives d'anorexie mentale, survenant à la suite d'un événement familial (deuil, mariage, naissance d'un enfant). Chez ces patients, on retrouve souvent un épisode antérieur d'anorexie subsyndromique.
Les bonnes questions
En présence d'une personne à risque, les recommandations préconisent :
- soit de poser une ou deux questions simples telles que : « Avez-vous ou avez-vous eu un problème avec votre poids ou votre alimentation ? » ou « Est-ce que quelqu’un de votre entourage pense que vous avez un problème avec l’alimentation ? » ;
- soit d'utiliser le questionnaire SCOFF-F (sick, control, one stone, fat, food ; initialement DFTCA : définition française des troubles du comportement alimentaire, traduction française validée du SCOFF) (voir encadré 2).
« Les items qui composent ce questionnaire sont assez directs, mais ils sont moins agressifs qu'ils peuvent le paraître. Le questionnaire peut être présenté comme un élément usuel du bilan au cours de l'adolescence, cette dimension "neutre" rassurant souvent le patient qui se sent ainsi moins stigmatisé et tolère mieux les questions que lorsque le médecin l'interroge "en son nom propre". De plus, certains patients préfèrent cocher des items plutôt que de répondre à des questions directes. Cette approche donne donc une grande liberté, mais in fine, c'est au médecin de choisir la méthode avec laquelle il se sent le plus à l'aise, l'important étant de ne pas oublier de poser les bonnes questions. »
Les signes d'appel
Le suivi des paramètres anthropométriques est indispensable, qu'il s'agisse d'un enfant, d'un adolescent ou d'un adulte. Chez l'enfant et l'adolescent, on examine systématiquement les courbes de croissance en taille, poids et corpulence (IMC = poids [kg] / taille2 [m2]) pour identifier toute cassure des courbes. Chez l'adulte, l'IMC doit être calculé et suivi. Une valeur inférieure à 18,5 kg/m2 doit attirer l'attention.
Les réponses données lors de l'interrogatoire, les valeurs du poids et de l'IMC et les données de l'examen clinique permettent de repérer les signes évocateurs d'anorexie mentale (tableau 1).
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