Un premier obstacle au diagnostic de la maladie de Lyme est que les piqûres de tiques passent inaperçues dans 69% des cas. « Les raisons pour lesquelles elles passent inaperçues sont que les nymphes ne font parfois pas plus de 2 millimètres. De plus, les tiques piquent parfois dans des zones peu visibles et certaines se décrochent rapidement » précise Christian Perronne.
L'érythème migrant, seul élément diagnostic pathognomonique de la maladie au stade primaire, n'est présent que dans 70 à 80 % des cas. En outre, même lorsqu'il est présent, il est souvent confondu avec une piqûre d'insecte, une plaque d'allergie, ou de l'eczéma. Si son diamètre est classiquement de 5 à 68 centimètres, des lésions de diamètres inférieurs à 5 cm ont été observées et ces mini-EM ne sont pas habituellement diagnostiqués comme tels par les médecins.
Attention aux sérologies négatives : il faut le rappeler : au stade primaire, le diagnostic est uniquement clinique. Trop de médecins demandent encore une sérologie avant de traiter ou non.
Aux stades secondaires et tertiaires de la maladie, lorsque la maladie n'a pas été diagnostiquée et traitée suffisamment tôt et que les symptômes apparaissent, la recommandation officielle est de faire une sérologie en ELISA. Si elle est négative, le laboratoire a pour consigne de ne pas faire d'immuno-empreinte (Western blot).
Si l'ELISA est positif, un Western blot est réalisé pour confirmer le test. Seulement la sensibilité des tests sérologiques ELISA est médiocre, variant habituellement de 20,9% à 70,5%.. « En conséquence, d'authentiques cas de maladie de Lyme ne sont pas diagnostiqués et sont abandonnés à leur sort « .
Le Haut Conseil de la Santé Publique dans son rapport de décembre 2014 ouvre la voie à la réalisation d’un WB en cas d’Elisa négatif si la symptomatologie est évocatrice.
Enfin, les tests sont toujours basés sur la souche B31 de Borrelia burgdorferi, hors d’autres espèces de Borrelia ou d’autres agents pathogènes transmis par les tiques pourraient être mis en cause. (8)
Par la diversité des tableaux cliniques décrits, la maladie de Lyme est devenue, comme fût la syphilis, la "Grande simulatrice " » explique Christian Perronne. « Elle peut simuler beaucoup de maladies auto-immunes comme le lupus, la polyarthrite rhumatoïde, la sclérose en plaque…Avant de dire à quelqu'un qu'il a ce type de maladie, il faut aussi se poser la question d'une possible origine infectieuse». ».
L’association de symptômes appartenant à des catégories différentes (cutanée, oculaire, neurologique, méningée, psychiatrique, musculaire, cardiaque, osseuse, algique,) doit faire évoquer une maladie de Lyme, en exemple : une névralgie et une anomalie du rythme cardiaque, ou des paresthésies avec une asthénie et une arthralgie du genou, ou des signes oculaires avec des algies diffuses… Un traitement par antibiotiques peut parfois faire disparaître ces symptômes.
Les patients ont habituellement un fond de fatigue et de douleurs mal expliquées et migratrices de type fibromyalgie, quelques paresthésies, « l’apparition de troubles des performances intellectuelles chez quelqu’un de jeune qui subitement présente des difficultés à se concentrer, à raisonner, des oublis est très évocatrice ».
Les recommandations européennes incluent dans les critères diagnostiques devant une forte suspicion clinique de neuro-borréliose, la réponse à un traitement antibiotique d'épreuve.
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