Sans entrer dans le détail des critères diagnostiques des classifications internationales (CIM-10 et DSM-IV-TR), appelés à être ajustés dans le DSM-V (à paraître), rappelons que l'anorexie mentale se caractérise par un refus du sujet de maintenir son poids dans les limites de la normale pour son âge et sa taille, associé à une peur intense de grossir alors même que sa maigreur est évidente. S'il s'agit d'un adolescent prépubère ou d'un enfant, on note soit une absence de prise de poids, soit une prise de poids inférieure à celle escomptée pendant la période de croissance.
La perte de poids est obtenue par tous les moyens possibles : restriction de l'alimentation, hyperactivité physique (sport à outrance), vomissements provoqués, prise de coupe-faim, de laxatifs, de diurétiques ou de lavements. À table, la jeune fille trie les aliments dans son assiette pour éliminer les plus caloriques. Elle investit souvent la cuisine, compte les calories et prépare volontiers les repas pour l'entourage, se réservant pour elle-même une assiette « maigre ». Elle assure qu'elle n'a pas faim, cache la nourriture, multiplie sa consommation de boissons, se plaint fréquemment de douleurs abdominales.
Par ailleurs, il existe une distorsion de la perception du corps ou d'une partie du corps et, généralement, le sujet nie l'existence de cette maigreur et affirme, malgré les apparences, se sentir bien (voir aussi encadré 1).
Chez les femmes et les jeunes filles, il existe une aménorrhée primaire ou secondaire consécutive aux effets de la dénutrition sur l'axe hypothalamo-hypophyso-gonadique. D'où la formule des « 3A » : anorexie, amaigrissement, aménorrhée qui permet de résumer les signes de la maladie, à ceci près que l'aménorrhée est absente sous contraception estro-progestative (hémorragies de privation). Chez les garçons, l'aménorrhée est remplacée par des troubles de l'érection.
Certains patients anorexiques présentent des crises de boulimie qu'ils tentent parfois de juguler par des vomissements provoqués ou la prise de purgatifs.
Des comorbidités psychiatriques à type de dépression ou de troubles anxieux, notamment phobie sociale et trouble obsessionnel compulsif, peuvent être associés au TCA, sans oublier le risque suicidaire. L'anorexie concomitante de la dépression constitue d'ailleurs un diagnostic différentiel, mais la notion de contrôle de l'alimentation, omniprésente chez l'anorexique, est absente chez la personne dépressive.
Les complications somatiques potentielles sont nombreuses : amyotrophie, troubles cardiaques (troubles du rythme), digestifs, rénaux, métaboliques (hypokaliémie, hypo- ou hypernatrémie, hypophosphorémie), hématologiques (leucopénie, anémie, thrombopénie), infectieux, cutanés, dentaires (caries, déchaussement, maladies parodontales), gynécologiques (infertilité), ostéoporotiques.
Mise au point
Troubles psychiatriques : quand évoquer une maladie neurodégénérative ?
Étude et pratique
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Cas clinique
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