Comme chaque année depuis l’été meurtrier de 2003, le dispositif officiel de lutte contre la canicule a été installé ce 1er juin. Sitôt ce plan annoncé, l’Ansm publie un avis sur le bon usage des médicaments en cas de vague de chaleur. Cette mise au point détaille par le menu les médicaments qui méritent une attention particulière chez les patients vulnérables en situation de forte chaleur (personnes âgées, dépendantes, nourrissons et enfants, personnes atteintes d’une pathologie chronique traitée). Soit parce qu’ils sont susceptibles d’aggraver un syndrome d’épuisement-déshydratation ou un coup de chaleur. Soit parce qu’ils peuvent induire une hyperthermie ou aggraver indirectement les effets de la chaleur.
› Notamment, il faut éviter la prescription d’AINS (aspirine à des doses supérieures à 500 mg/j, AINS classiques, inhibiteurs de la COX-2), particulièrement néphrotoxiques en cas de déshydratation. En cas de fièvre, éviter la prescription de paracétamol, inefficace pour traiter le coup de chaleur et susceptible d’aggraver l’atteinte hépatique souvent présente. En cas de prise de diurétiques, la vérification d’apports hydriques et sodés adaptés est indispensable.
› Aux côtés de ces classes médicamenteuses d’usage fréquent, l’ANSM pointe tous les médicaments connus pour leur néphrotoxicité (IEC, ARA II), l’aliskirène, certains antibiotiques (sulfamides), antiviraux (indinavir), certains antidiabétiques (gliptines et agonistes du récepteur GLP-1).
› À surveiller aussi les médicaments ayant un profil cinétique susceptible d’être affecté par la déshydratation, en raison de la modification de leur distribution ou de leur élimination, tels les sels de lithium, les anti-arythmiques, la digoxine, les anti-épileptiques, certains hypoglycémiants oraux (biguanides et sulfamides hypoglycémiants) ou hypocholestérolémiants (statines et fibrates). De même, les molécules qui peuvent empêcher la perte calorique de l’organisme doivent attirer l’attention : les neuroleptiques et les sérotoninergiques peuvent perturber la thermorégulation centrale ; les substances atropiniques limitent la sudation (antidépresseurs imipraminiques, antihistaminiques H1 de 1re génération, antiparkinsoniens atropiniques, certains antispasmodiques, etc). D’autres empêchent la réponse vasodilatatrice (traitements de la congestion nasale ou ceux de l’hypotension artérielle), ou encore réduisent l’augmentation du débit cardiaque réactionnelle à une augmentation du débit sanguin cutané (bêta-bloquants par dépression du myocarde et diurétiques par déplétion).
› Aucune règle générale et/ou systématique ne peut être proposée pour la modification des schémas posologiques. C’est au terme d’une évaluation de l’hydratation qu’une adaptation du traitement, si elle est justifiée, peut être envisagée. « en prenant en compte la pathologie traitée, le risque de syndrome de sevrage et le risque d’effet indésirable, et en s’assurant que toutes les mesures générales de correction de l’environnement immédiat et de l’accès à une bonne hydratation sont correctement suivies ».
Étude et pratique
HTA : quelle PA cible chez les patients à haut risque cardiovasculaire ?
Mise au point
Troubles psychiatriques : quand évoquer une maladie neurodégénérative ?
Étude et pratique
Complications de FA, l’insuffisance cardiaque plus fréquente que l’AVC
Cas clinique
L’ictus amnésique idiopathique