A l’occasion de la Journée mondiale contre la BPCO du 15 novembre dernier, la communauté des pneumologues, dont la Société de pneumologie de langue française (SPLF), s’est particulièrement intéressée à cette maladie chez les femmes. La raison ? Pour ces experts, il est temps de sortir de l’image caricaturale de la BPCO, à savoir celle d’un homme fumeur et d’âge mûr. Un nombre croissant de patients sont des femmes, relativement jeunes et pas nécessairement "grosse fumeuses". Aujourd’hui, 40 % des personnes souffrant de cette affection sont de sexe féminin, contre environ 20 % il y a vingt ans.
De façon générale, cette maladie est sous-diagnostiquée, et elle l’est encore plus chez les femmes chez qui « les médecins pensent davantage à un asthme et moins à une BPCO », explique le Dr émilie Zard, département de médecine générale de Créteil, membre du groupe femme/santé respiratoire. Autre particularité qui enfonce le clou : les femmes sont actuellement sous-représentées dans les études cliniques. Un constat d’autant plus préoccupant que différents travaux évoquent des spécificités de cette pathologie liées au sexe.
► Pour un facteur de risque égal, notamment lié au tabac, les femmes développent une BPCO plus rapidement que les hommes. Les facteurs de risque s’avèrent un peu différents par rapport aux hommes, les femmes étant plus sensibles à beaucoup de sources d’exposition :
– Tabac : les femmes y sont plus vulnérables.
– Aérocontamination professionnelle et domestique : l’exposition à des produits ménagers est liée à la maladie. Les particules et poussières peuvent aussi être mises en cause selon les secteurs d’activité.
► Coté symptomatologie, pour un même niveau d’obstruction bronchique, une femme atteinte de BPCO est plus dyspnéique qu’un homme. Il existe aussi une augmentation de la fréquence des exacerbations, des hospitalisations, l’aggravation de la sensation de fatigue, et la baisse de la tolérance à l’effort.
► Les comorbidités doivent être recherchées, pouvant même révéler la maladie pulmonaire, tout spécialement l’anxiété et la dépression. L’ostéoporose (ostéodensitométrie) et l’asthme doivent être aussi évalués. Chez les femmes atteintes de BPCO, il existe également un sur-risque de cancer broncho-pulmonaire. Pour les spécialistes, le médecin généraliste a un rôle essentiel dans la détection de cette pathologie sous-diagnostiquée chez les femmes. Et on sait combien les conséquences peuvent être majeures en cas de retard de diagnostic. Des explorations cliniques et spirométriques permettent au généraliste de juger si l’avis d’un pneumologue s’impose.
► La prise en charge thérapeutique n’est pas vraiment différente de celle des patients masculins, le traitement conjugue des conseils de bon sens sur l'hygiène de vie (activité physique régulière, sevrage tabagique), les médicaments et une éventuelle oxygénothérapie. La prise en charge des comorbidités, plus spécifiques chez les femmes, est indispensable.
Source : Improving the Management of COPD in Women - CHEST® Journal, mars 2017
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