La restriction de nourriture comme facteur de longévité et de vieillissement réussi est dans l'air du temps. Un chercheur du CNRS fait le point sur l'état des connaissances en ce domaine, aussi bien chez l'animal que chez l'homme (1).
-› La restriction de nourriture semble augmenter la longévité des invertébrés sédentaires (ver nématode C. elegans, certaines araignées), mais pas celle des insectes volants. Chez les rats et les souris, une restriction de nourriture de l'ordre de 50 % versus la nourriture fournie ad libitum augmente la longévité jusqu'à une année supplémentaire, ce qui équivaut à une augmentation de longévité de 50 %. Des études en cours chez les macaques donnent des résultats controversés. Chez l'homme, des observations menées auprès de la population de l'archipel d'Okinawa au Japon, soumise jusque dans les années 1960 à des conditions nutritionnelles pouvant correspondre à une restriction de nourriture modérée (1 785 kcal/j vs 2 068 dans le reste du Japon, soit -300 kcal/j), donnaient l'avantage aux habitants de l'archipel en terme d'espérance de vie par rapport au reste du Japon. Mais une fois pris en compte le facteur de confusion représenté par le taux de mortalité infantile, plus important au Japon qu'à Okinawa, cette différence s'est amenuisée, ne laissant subsister en 2000 qu'un léger avantage pour les femmes d'Okinawa (espérance de vie de 86 ans vs 84,6 ans pour les Japonaises). Quant au nombre de centenaires sur cet archipel, plus important qu'ailleurs au Japon, il pourrait être lié à des facteurs génétiques, climatiques, et … à des erreurs d'état civil !
-› Concernant les effets sur le vieillissement, la restriction de nourriture, si elle bien a des effets positifs (réduction des maladies cardiovasculaires, du diabète et de certains cancers), n'est pas exempte d'effets négatifs, tant chez les rongeurs et les primates non humains que chez les humains : baisse de la température corporelle, baisse des performances physiques via la perte musculaire, vulnérabilité aux infections, diminution de la densité minérale osseuse… Des artères de jeune homme et les os d'un vieillard.
-› Autre problème : que sous-entend l'expression "restriction de nourriture" ? De nombreuses études l'assimilent à une restriction calorique, mais il semble qu'il s'agisse plutôt d'une restriction protéique, ce qui déséquilibre la ration alimentaire.
-› Alors, faut-il restreindre sa nourriture ? Les conclusions de l'auteur font appel au bon sens. Non à la restriction sévère, dans tous les cas. En cas d'obésité, la diminution des apports alimentaires, associée à l'augmentation de l'activité physique, le tout sous contrôle médical, n'a que des avantages. Ce qui correspond de fait à un retour à une alimentation normale. Et si dans ce contexte la longévité semble effectivement pouvoir être augmentée, c'est par l'intermédiaire d'une réduction des maladies cardiovasculaires. Quant aux sujets non obèses, se soumettre de façon prolongée à une restriction de nourriture prolongée est inutile et risqué : les effets positifs de cette méthode sur le vieillissement et la longévité ne sont pas prouvés.
1- Le Bourg E. Restriction de nourriture, longévité et vieillissement. Cahiers de Nutrition et de Diététique (2011), doi:10.1016/j.cnd.2011.11
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