La dépression chez les enfants et adolescents peut avoir de graves conséquences sur la santé mentale et physique, la scolarité, la vie relationnelle, etc. Sans oublier bien sûr les suicides, ou les idées et tentatives de suicide. C’est dans ce contexte qu’un article de la revue Cochrane (1) a évalué les effets des antidépresseurs dans cette population, en s’intéressant plus particulièrement aux nouveaux antidépresseurs (aussi appelés de 2e et 3e générations). Ne font pas partie de ces nouveaux antidépresseurs les inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO) ni les antidépresseurs tricycliques. Même si actuellement, en France, très peu de ces médicaments sont indiqués chez les enfants, ce travail évalue ce que l’on peut attendre ou pas de ces traitements.
Au total, 26 études randomisées portant sur des enfants âgés de 6 à 18 ans, des deux sexes, de toutes ethnies, souffrant de dépression majeure ont été retenues (7 nouvelles études ont été incluses dans ce travail initial de 2012 et venant d’être mis à jour).
→ Il montre que la plupart des antidépresseurs analysés diminuent probablement davantage les symptômes de la dépression qu’un placebo. Cependant, cette diminution peut être estimée comme « petite et insignifiante (unimportant) » en s’appuyant sur l’échelle CDRS-R, comparé au placebo (avec un niveau de preuve élevé pour la paroxétine (‐1,43), la vilazodone (‐0,84), la desvenlafaxine (‐0,07), un niveau de preuve modéré pour la sertraline (‐3,51), la fluoxétine (‐2,84), l’escitalopram (‐2,62) et un niveau de preuve bas pour la duloxétine (‐2,70) et la vortioxétine (0,60). En outre, sur les symptômes de la dépression, ces différences sont également peu significatives quand ces antidépresseurs sont comparés les uns aux autres. Si ce travail analyse de façon globale les effets de ces antidépresseurs, dans la pratique, ils sont donnés de façon hétérogène, pouvant apporter une meilleure réponse chez certains individus. « Ainsi, nos résultats suggèrent que la sertraline, l’escitalopram, la duloxétine et la fluoxétine peuvent être utilisés si un médicament est envisagé », précisent les auteurs de cette étude, qui ajoutent avec prudence : « L’impact des traitements sur les symptômes dépressifs devrait être étroitement surveillé par les prescripteurs. »
→ Quant au risque de suicide, il a été difficile de l’évaluer par ces études car les jeunes qui présentent un tel risque (idées ou TS) sont souvent exclus de ces essais. Vis-à-vis du risque de suicide qui pourrait être induit par ce type de médicaments, les auteurs indiquent qu’il y a un niveau de preuve modéré que la venlafaxine augmenterait probablement très légèrement le risque de suicide comparé à la desvenlafaxine et à l’escitalopram. Et là encore, les auteurs mettent en garde : « Un suivi très proche est primordial chez les jeunes identifiés comme à risque de suicide traités avec les nouveaux antidépresseurs. »
1) New generation antidepressants for depression in children and adolescents: a network meta-analysis, Cochrane Database of Systematic Reviews, 24 mai 2021.
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