Le gouvernement, enfin conscient des difficultés survenant au sein des services d’urgence des hôpitaux, a décidé de demander pour tout patient valide une participation financière pour les actes effectués en ambulatoire. Cette situation semble appropriée pour réduire toute consultation intempestive au sein de ces structures. Cependant, de nombreux travers risquent de n’avoir aucun impact sur la fréquentation de ces centres.
Ainsi les patients ayant une couverture santé via l’AME ou la CMU n’auront pas à débourser un seul centime. En effet, l’exécutif est conscient de la solvabilité de ces populations précaires, et leur faire endosser un poids supplémentaire n’est pas du tout raisonnable sur un plan éthique. De plus, les faire payer, c’est aussi les écarter d’un système de soins auquel ils doivent avoir accès.
Cependant, parmi ces patients certains (je ne dis pas tous) sont des consommateurs assidus et n’ont pas de scrupules pour « consommer » du soin, cela d’autant plus que la gratuité des prestations les incite à agir de la sorte. Souvent, ces patients sont à l’origine d’une embolisation des services d’urgence, cela alors que leurs maux ne nécessitent pas nécessairement une prise en charge hospitalière urgente.
D’autre part, nous ne pouvons qu’être quelque peu dubitatifs en ce qui concerne ceux qui n’ont pas de couverture sociale et qui se présentent dans ces services. Le personnel à l’entrée du service aura-t-il le courage de les renvoyer, sachant que cette attitude est très critiquable (non-assistance d’une personne en danger) ?
Un risque de discrimination
De plus, est-il logique d’accepter de « ponctionner » des patients ayant une couverture sociale et qui consultent en milieu hospitalier du fait d’une absence de leur médecin traitant, ou qui ne peuvent pas être reçus par un médecin généraliste rapidement ? Cette situation est à mes yeux discriminatoire, et risque d’avoir des conséquences sur des citoyens ayant de petits revenus. Ces derniers ne pourront, de ce fait, pas venir dans ces services car ils auront l’obligation de verser 20 € sur-le-champ, ce qui représente un réel sacrifice. Ces personnes qui sont tout aussi respectables que les autres Français ne se manifesteront pas et accepteront sans broncher une mesure qui va les contraindre à retarder une prise en charge qui pourrait être nécessaire.
Aussi me paraît-il nécessaire de bien réfléchir avant de prendre de telles décisions, et penser à l’impact que peuvent avoir de telles mesures sur la conscience des agents d’accueil et d’une mise à l’écart des patients ayant des pathologies graves. Ne serait-il pas plus juste de demander à tous les patients 3 € pour se faire soigner, somme à mon avis dérisoire. Cela montrerait que la santé a malgré tout un certain coût tout comme la baguette achetée journellement, ou le montant mensuel du forfait d’un portable ?
En permettant de faire des exceptions à des fins parfois très politiques (on veut ratisser large), on pratique une discrimination pas forcément positive qui va être la source d’une colère d’une certaine frange de la population. C’est ce qui conduit à majorer la popularité des extrémismes.
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