« Que reste-t-il de la clinique ? » se demande « Le Quotidien du Médecin » du 20 novembre. Pour l’instant, la formation Universitaire donne l’impression qu’elle est ramenée à la portion congrue… Ce ne sont pas les téléconsultations croissantes qui vont améliorer la situation !
Si on abandonne la clinique, d’autres vont certainement s’en emparer. N’importe quel être intelligent et motivé peut apprendre la science des signes pathologiques tout comme l’ont fait les médecins des anciennes générations, ce qui leur a permis d’exercer une médecine assez admirée dans le monde et dont ils n’ont pas à rougir contrairement à la mode actuelle de culpabilisation systématique…
Un bilan technique normal n’a jamais calmé l’inquiétude
Or, il y a une chose fondamentale que semblent oublier les thuriféraires de la médecine hors-sol. Une consultation est pour une grande part, et quand on le peut, un don d’espoir et/ou une consolation. L’exercice quotidien nous a tous appris l’inquiétude qui va du degré 1 ou 2 au max 10, manifestée de façon ouverte ou cachée par tous nos patients. Un bilan technique, normal dans bien des cas, n’a jamais calmé l’inquiétude de tous nos patients, loin de là ! Et ce n’est pas l’hyper-information et l’anxiogénèse engendrée, pilotée, tous médias confondus, amplifiant dramatiquement ce besoin naturel qui va améliorer les choses…
C’est là que le médecin compétent qui a examiné son malade sait qu’il y a autre chose à découvrir parce que son examen plus un bilan normal ouvrent une porte encore non ouverte dans le contact médecin-malade. Alors interviennent l’histoire du patient et de sa famille, son entourage, les non-dits, la gestuelle, les soupirs, les silences, les regards, le ton, les faux-fuyants, les secrets bien cachés… et le désir très profond d’être rassuré même en mentant à son médecin !
Jeunes gens, n’allez plus à la fac de Médecine en vous exténuant dans des concours iniques, ouvrez les ouvrages de clinique qui sont publics et apprenez-les en profondeur. En deux à trois ans vous devriez devenir bons cliniciens, avec l’aide de vos copains et copines comme cobayes.
Vous serez alors « quasi-gourous » et verrez venir à vous tous les patients au bilan technique sophistiqué normal qui auront reçu en pleine figure par écran interposé… que tout va bien. Si vous êtes bons psychologues votre avenir est assuré… au vu de vos devanciers actuels !
Au lieu de vouloir fabriquer des sous-médecins officiers de santé (cf. « Le Quotidien » du 20 novembre : « Le projet de profession médicale intermédiaire provoque un tollé »), faisons donc des rebouteux intelligents. Mon ancienne pratique m’a montré qu’il y en avait de stupéfiants…
Vous souhaitez vous aussi commenter l'actualité de votre profession dans le « Quotidien du Médecin » ? Adressez vos contributions à jean.paillard@lequotidiendumedecin.fr.
Réactions à l’événement sur le système de santé à Gaza
Quelques incivilités et tracas vécus par un généraliste durant l’été 2024
Le cumul emploi-retraite suscite des réactions
Système de soins en danger, les racines du problème, les écueils à venir