Un discours optimiste n’engage que son auteur. Le ciel étant encore incertain, j’ai envie de distiller un texte empreint d’espoir. Car c’est lui qui fait vivre et depuis le début de cette crise, nous en avons bien cruellement manqué.
Je suis parti d’une constatation : nos dirigeants, souvent, n’ont pas été à la hauteur. Voilà plusieurs mois maintenant qu’on nous parle du monde d’avant comme d’une vieille nostalgie. La pandémie a bousculé nos modes de vie et mis la zizanie dans nos quotidiens. On peut dire que cette crise a été, dans le monde, le révélateur de l’incompétence d’un grand nombre de nos dirigeants. Douze mois passés en tergiversations diverses, mensonges éhontés, prises de position intempestives, incomplètes, parfois incompréhensibles voire insensées. On a remué dans tous les sens, banni le masque au moment où il aurait été le plus utile, pour quelques mois plus tard l’imposer sur tous les visages, on a confiné au nord tandis qu’on déconfinait au sud, tenté de multiples configurations, essayé tous les types de couvre-feux.
Rudes secousses pour un résultat mitigé
Ce faisant, on a maltraité nos économies comme jamais, leur infligeant de si rudes secousses que nous avons toutes les raisons d’être inquiets pour leur avenir et tout ceci pour un résultat en définitive assez mitigé. Seul point positif chez nous, la redécouverte de la planche à billets et, du moins en apparence, une assez une bonne gestion économique de cette improbable période ; l’avenir nous en dira plus…
Mais cette petite bestiole nous tient vraiment la dragée haute. Pire, elle a réussi à jeter sur nos sociétés une chape si paralysante qu’après un an, nous ne savons toujours pas si la sortie du tunnel est proche ou encore éloignée.
Quant aux vaccins, seront-ils la panacée ? On aurait pu espérer avec leur arrivée atteindre très vite l’immunité collective, gage d’un arrêt de la pandémie. Mais les vaccins sont multiples, ils ont des modes d’action inégaux. De plus, leurs conditionnements ne sont pas propices à une vaccination rapide des populations au sein desquelles il y a encore des réticences. Celles-ci sont parfois justifiées car ces nouvelles molécules, encore en phase d’expérimentation, n’ont pas livré tous leurs effets indésirables. Et puis, il y aura toujours des vaccino-sceptiques.
Ajoutons une production insuffisante, un démarrage de la campagne de vaccination un peu lent, et bien sûr, scénario redouté, le risque que demain, un ou plusieurs variants échappent, partiellement ou totalement à l’ensemble des protections annoncées et déferlent de manière irrépressible dans notre monde devenu difficilement cloisonnable. Nul doute que, dans l’avenir, nos deltoïdes seront encore sollicités ! Bref, ça marchera peut-être, nous le souhaitons tous, mais des mois seront encore nécessaires.
Action collective ou sursaut salvateur ?
Et si la solution radicale venait un jour d’en bas ? Est-ce une hypothèse saugrenue ? Ce n’est pas certain. En tout cas, il serait peut-être bon que l’humanité apprenne à se montrer plus performante, plus pragmatique et en premier lieu plus participative, en étant en mesure de résoudre par elle-même ce type de problème que nos gestionnaires politiques ont été jusqu’ici dans l’incapacité de solutionner efficacement.
Il faut bien se dire que dans le futur, il est fort probable que la situation se reproduira : de nombreux indicateurs laissent le présager. L’expansion du nombre de zoonoses laisse planer beaucoup d’incertitudes quant aux risques de voir de nouvelles épidémies survenir.
Ne serait-il pas souhaitable qu’un jour les citoyens des pays soient en mesure de produire, par une action individuelle claire, ciblée et rigoureuse, menée collectivement et conjointement sur un espace-temps court et déterminé à l’avance, un mouvement radical, capable de régler le problème définitivement ? Nous disposons aujourd’hui de fabuleux outils de communication que, dans notre quotidien indolent, nous utilisons juste pour satisfaire nos instincts sui-generis. Et si nous apprenions un jour à diriger à bon escient ces armes surpuissantes ? Ce serait un beau défi pour l’humanité et, une fois réalisé, une réussite extraordinaire que nous ne serions pas près d’oublier. D’une certaine manière, l’immanent prendrait ainsi le dessus sur le transcendant. Au niveau sociétal, ce serait une véritable révolution.
Et du reste, si le virus s’était d’emblée montré bien plus virulent que le SARS Cov-2 et avait décimé d’entrée de jeu, un plus fort pourcentage de personnes, ne peut-on pas imaginer qu’une telle situation aurait réveillé en nous un instinct de survie décuplé par l’imminence du danger, et que nous nous serions très vite montrés beaucoup plus imaginatifs et plus actifs à son égard ?
Cela sera-t-il un jour ? En avons-nous les moyens ? Et surtout est-ce matériellement possible et si oui, pour quelle raison ? Ou, faudra-t-il attendre, dans un futur peut-être pas si lointain, la menace palpable d’un autre virus, plus virulent et donc plus dévastateur, pour réveiller en nous ce sursaut salvateur ?
Vous souhaitez vous aussi commenter l’actualité de votre profession dans le « Quotidien du Médecin » ? Adressez vos contributions à jean.paillard@lequotidiendumedecin.fr.
Il est parfois utile de prendre de la hauteur avant de parler des médecins généralistes
La coûteuse organisation de la santé paralyse les soins
Régulation de l’installation : une fausse bonne idée
Aptitude physique