Il y a quelques semaines de cela, les différentes revues professionnelles débattaient de la pertinence d’une loi concernant l’euthanasie ; projet qui est actuellement le fer de lance de nombreux députés. Une précipitation pas nécessairement opportune.
Dès lors que ce sujet (il est régulièrement mis sur le tapis par de nombreux politiques et confrères) est mis sur la place publique, il est très rapidement à l’origine de débats contradictoires et passionnels. C’est ainsi que certains ont laissé entendre qu’il serait opportun de légiférer sur ce sujet très rapidement. Il ne faut perdre de vue que l’euthanasie est un sujet qui a été à l’origine de nombreuses communications et de réunions.
Force est de constater que la grande majorité des médecins reconnaissent que nous avons les possibilités actuellement de prendre en charge les patients en fin de vie sans pour autant pratiquer l’euthanasie. Pour ce faire, des unités, mais aussi des regroupements de professionnels libéraux assurent au chevet des patients des soins palliatifs qui permettent à ces malades d’obtenir un confort de vie inégalable.
La loi Léonetti a permis en parallèle de pallier à certaines carences (notamment en ce qui concerne l’acharnement) concernant ce dispositif, et satisfait de cette manière un nombre non négligeable de professionnels.
Permettre d’effectuer l’euthanasie de nos patients à domicile est un acte difficile qui a de nombreux travers (cas par exemple de l’erreur d’évaluation), et qui nécessite de ce fait un encadrement très strict pour éviter des dérives. Aussi vouloir légiférer à la hâte sur un tel sujet de société est une gageure. L’euthanasie mérite amplement des débats constructifs, et une projection sur toutes les dérives possibles de cet acte qui n’est jamais anodin reste un impératif.
Soins palliatifs à domicile, un sacerdoce
Au-delà de cette situation complexe et nécessitant beaucoup de réflexion, nous avons actuellement la possibilité d’assurer un accompagnement de nos patients en effectuant des soins palliatifs (qu’ils soient à domicile ou en unité).
Cependant, nous ne devons pas oublier que les soins palliatifs sont peu développés en France pour plusieurs raisons : le caractère chronophage de ce type d’actes, ce qui est responsable d’un désamour important vis-à-vis de cette pratique chez de nombreux collègues, la rémunération qui n’est pas nécessairement en accord avec l’importance et la durée des soins prodigués.
De plus, il existe souvent une inadéquation entre les besoins et les offres pour avoir un accompagnement de qualité sur de nombreuses zones de soins (surtout en milieu rural). Prenons l’exemple d’une équipe (paramédicaux, mais aussi famille) qui souhaite souffler un peu et envisage sur un très court terme un placement dans une unité dédiée aux soins palliatifs, il y a fort à parier que le médecin qui va contacter l’unité départementale (car souvent il n’en existe qu’une seule dans de nombreux départements) en charge des soins palliatifs, aura des difficultés voire une impossibilité à trouver une place.
En fait, les services dédiés aux soins palliatifs sont peu nombreux car ils sont jugés trop coûteux pour les organismes sociaux. Aussi, avant de s’occuper de l’euthanasie il serait plus judicieux de promouvoir des unités de soins palliatifs grâce à un financement plus important, et donner aux médecins libéraux et autres professionnels de santé une reconnaissance véritable lors de la réalisation de cet exercice.
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