Un éminent collègue très médiatique est décédé : Le Pr Kahn. Ce dernier durant plusieurs mois nous a parlé sans fard de sa fin de vie. Se sachant condamné, il a profité des derniers instants qui lui étaient impartis avant sa disparition pour communiquer sur la mort.
Son réalisme m’a quelque peu dérouté, car expliquer et parler de sa future disparition est une initiative peu commune de la part d’un scientifique. Cet exercice est d’autant plus inattendu qu’il a mis en lumière un point de vue déstabilisant, difficile à « admettre » de la part d’un éminent chercheur.
En effet, il est parfois déroutant et curieux de voir que dans certains cas désespérés, – cela alors que le pronostic concernant le cancer évolutif demeure sombre — certains patients arrivent à déjouer nos pronostics et décèdent plus tardivement. C’est la raison qui m’a et je pense aussi nous a poussés à être très surpris suite à l’annonce du Pr Kahn.
La pudeur est un sentiment éprouvé souvent par les patients en fin de vie. En reprenant certaines fins de vie de patients très médiatiques, nous nous rendons compte qu’il y a la plupart du temps la volonté de cacher et de ne pas exposer les problématiques de santé auxquelles ces stars sont confrontées.
Deux exemples l'ont montré. Le chanteur du groupe Queen est décédé du SIDA. Les médias savaient qu’il était condamné et qu’il allait disparaître prématurément. Cependant Freddy Mercury a toujours continué de se produire et de donner le maximum de lui-même, cela en essayant (cela était difficile car il était cachectique) de ne pas montrer les affres de sa pathologie. Tout aussi curieux est la fin de vie de notre ancien Président M. Mitterrand. Outre le fait qu’aucune communication de son état de santé n’ait été mise au grand jour par son médecin personnel, il a poursuivi son combat en silence et avec des souffrances parfois intenses. Ces deux exemples nous montrent qu’il est difficile de mettre en scène sa fin de vie car un tel exercice est souvent déroutant et générateur d’angoisse.
Le Pr Kahn a voulu faire connaître ses propres sentiments vis-à-vis d’une fin de vie qui le concernait, et cette situation assez originale et réaliste a permis de montrer qu’il ne faut pas avoir de fausse pudeur vis-à-vis de notre propre mort.
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