Nous sommes en pleine technocratie. Nos décideurs ont appris la standardisation et ils l'appliquent à tout. Nous avons en tête, pour bon nombre d'entre nous, cette image de Charlie Chaplin, une clé à molette dans chaque main, en train de serrer des boulons à la chaîne. Un assistant aurait été pour lui une solution. Il existe des assistants en chirurgie, y compris en chirurgie dentaire, mais aussi chez les vétérinaires. Ils sont rentrés dans le modèle économique, leur aide manuelle n'est plus à démontrer.
Alors pourquoi pas chez les généralistes ? Et bien, je dirais que nous n'avons pas vraiment besoin d'une aide manuelle. Permettez-moi plusieurs comparaisons imagées. Une consultation médicale n'a rien à voir avec le montage d'un meuble de facture suédoise. Notre métier de généraliste libéral serait plutôt comparable à celui d'un chauffeur de taxi. Avec un assistant, un taxi n'irait pas plus vite. Même équipé comme une auto-école pour partager les commandes, il n'irait pas plus vite. Un assistant ne supprimerait pas les stops, les ralentisseurs et les limitations de vitesse qu'on pourrait comparer à nos lourdeurs administratives. Un assistant ne supprimerait pas les feux rouges que sont les complexités diagnostiques, thérapeutiques et les particularités individuelles. Un assistant ne permettrait pas non plus de prendre deux passagers en même temps si les destinations sont différentes. Un assistant pourrait répondre au téléphone à notre place. Mais en fait, non, cela fait bien longtemps que nous savons conduire en téléphonant.
Allons encore un peu plus loin sur le modèle de la chauve-souris enragée de Bigard. Admettons ! On va architecturer à nos frais nos cabinets médicaux pour éviter que les patients déshabillés ne se croisent dans les couloirs. On va construire des petites cliniques pour consulter à la chaîne, ça rappellera le service militaire pour certains. Nous généralistes assurerons uniquement l'interrogatoire, l'examen et la réflexion diagnostique. Ce modèle expérimental, je propose que nos têtes pensantes le testent d'abord à l'hôpital ou en maison médicale de garde. Avec des subventions pour les assistants, pourquoi cela ne serait pas envisageable ? Allez, montrez-nous !
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