" L'idée de la loterie médicale est excellente et je crois qu'elle sera accueillie avec enthousiasme par le corps médical tout entier ; mais, pour qu'elle réussisse, aujourd'hui surtout, il est indispensable que pas un centime ne soit détourné de l'argent des donateurs, sous prétexte des frais qui en sont la conséquence inévitable ; sans quoi, on aboutirait à un fiasco complet.
En effet, vous ne sauriez croire le mauvais effet qu'a produit, parmi les populations, le scandale de la répartition des sommes souscrites en faveur des pauvres victimes de l'explosion des mines de Courrières joint à celui qui a eu lieu, en pareil cas, lors de l'explosion volcanique de la montagne Pelée, à Saint-Pierre de la Martinique où 40 000 francs, dit-on, ont été engloutis à côté, sans compter le reste !
Toutes ces œuvres humanitaires, quel que soit le nom qu'on leur donne, charitables ou philantropiques, nécéssitent un très grand désintéressement de la part des promoteurs de l'idée. Do ut des , voilà le principe. Si vous voulez qu'on vous donne, commencez par donner vous-mêmes ! D'ailleurs l'Association générale peut prendre à sa charge les frais d'impression et autres de la Loterie médicale. Elle serait même mieux outillée que personne pour lancer une oeuvre grandiose comme celle-là qui rentre dans ses attributions morales. Je crois que serait là le salut, avec le maximum d'efforts et le minimum de frais. Maintenant, la misère médicale est bien moins dans quelques veuves, pouvant parfois se remarier et, plus souvent, ne pas être trop surchargées d'enfants, que dans les vieillards de notre profession chez lesquels l'âge, les infirmités de toute sorte, l'impossibilité de trouver du travail, font germer l'idée désespérante du suicide alors qu'ils se sentent à la charge de la société et à leur entourage. Il serait donc bien de préciser, d'avance, la destination de cette gigantesque loterie afin que nul n'en ignore ; suivant les résultats, elle pourrait être destinée à la fois à telle et telle œuvre.
Ainsi, par exemple, ne pourrait-on pas réunir certaines misères médiclaes dans une grande propriété, un grand château sans valeur, en pleine campagne, notamment des vieillards impotents de notre profession soignés par des veuves de médecins pour faire d'une pierre deux coups ? Je connais, en Auvergne, à Arconsat, un immense château rectangulaire, à 72 fenêtres et à 30 vastes chambres à 2 gigantesques fenêtres que l'on pourrait avoir ppur moins de 50 000 francs, c'est-à-dire à peu près pour rien ! Il y a là une station de chemin de fer, sur la ligne de Thiers, au pied du Moutoncel, à la jonction de trois départements, dans le Puy-de-Dôme. Ce vaste château est entouré de prairies et de bois et appartient à la famille de Riberolle qui consentirait facilement à s'en dessaisir à ce prix ; car, pour elle, il n'a pas de valeur pécuniaire bien grand : qui voudrait acheter une pareille bâtisse ?
Un château n'est pas une caserne ! Ce serait l'idéal pour une maison de retraite. Sans sortir du château, nos vieillards auraient de l'air, de la lumière, avec une nourriture des plus saines, une petite ferme y attenant. Qu'on y songe ! "
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature