Une étude (Lancet) conclut à une stabilisation de l’épidémie de démence en Europe

Publié le 24/08/2015

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Contrairement aux prévisions alarmistes de certaines études, le nombre de personnes atteintes de démences – dont la maladie d’Alzheimer – serait en train de se stabiliser dans les pays d’Europe occidentale, selon un article publié vendredi dans « The Lancet Neurology ».

Parmi les hypothèses pouvant expliquer cette stabilisation, les auteurs avancent une amélioration du niveau de vie et d’éducation mais surtout une meilleure prise en charge des facteurs de risques cardiovasculaires, comme l’hypertension.

Les études menées dans les années 1980 soutenaient « l’idée d’une explosion des démences, mais elles sont désormais dépassées en raison de changements dans l’espérance de vie, les conditions de vie et les améliorations des soins et du mode de vie », soutient l’auteur principal de l’article, le Pr Carol Brayne, de l’Université de Cambridge, au Royaume-Uni, dont les conclusions sont toutefois fortement contestées par certains experts.

Une stabilisation, voire une baisse

Pour cette étude, un groupe d’épidémiologistes spécialisés dans la démence a comparé des données obtenues à deux périodes différentes (de 1976 à 1989 et de 1994 à 2008) dans 4 pays européens – la Suède, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et l’Espagne. D’après leurs analyses, le pourcentage de personnes souffrant de démences dans ces pays n’avait pas véritablement varié.

Sur les cinq études analysées, l’étude britannique a mis en évidence une baisse de 22 % de la prévalence de la démence sur une période de 18 ans. L’étude espagnole montrait une stabilisation générale, mais avec une baisse de 43 % chez les hommes de plus de 65 ans entre 1987 et 1996. Les trois dernières études montraient soit une stabilité, soit une tendance à la baisse non-significative.

Vives réactions

Parmi les voix discordantes, le Pr Martin Prince, professeur d’épidémiologie psychiatrique à Londres, a qualifié les chiffres avancés de « relativement faibles et inconsistants », rapporte l’AFP, tandis que Jeremy Hughes, le président de la société britannique d’Alzheimer a souligné que les « preuves limitées » fournies ne pouvaient pas garantir que la tendance allait se poursuivre, d’autant que « nous savons qu’il existe d’autres facteurs de risques comme le diabète », rapporte-t-il à l’agence de presse.

Alzheimer : des facteurs de risque modifiables

Parallèlement, une autre méta-analyse, regroupant pour sa part 323 articles, et publiée la semaine dernière dans le « Journal of Neurology Neurosurgery & Psychiatry » (BMJ) par une équipe de chercheurs américains et chinois, avance que neufs facteurs de risque potentiellement modifiables sont impliqués dans les deux tiers des cas de la maladie d’Alzheimer dans le monde. Il s’agit de l’obésité, du tabagisme actif, de la sténose carotidienne, du diabète de type 2, d’un faible niveau d’éducation, d’une hyperhomocystéinémie, de la dépression, de l’hypertension artérielle et de la fragilité.

Clémentine Wallace

Source : lequotidiendumedecin.fr