C'est l'histoire d'un médecin de campagne. Un généraliste isolé, qui travaille à l'ancienne. De 7h30 à 21h30. Tous les jours sauf le dimanche. Une salle d'attente pleine et de nombreux patients à voir en visite. C'est l'histoire de cet omnipraticien de 68 ans qui ne parvient pas à trouver de successeur, que le documentaire "Derniers jours d'un médecin de campagne", d'Olivier Ducray, retrace ce jeudi 6 décembre à 20h30 sur LCP* (à revoir en replay).
Malgré toutes ses démarches (annonces sur Le Bon Coin et dans la presse, appel à une agence de recrutement et au Conseil de l'Ordre...) le Dr Patrick Laine, installé depuis 35 ans à Saulnot, bourg de Haute-Saône de 800 âmes, n'a pas trouvé la perle rare.
Intrigué par cette situation et désireux de montrer au plus près le quotidien de ce médecin, le réalisateur Olivier Ducray a suivi le généraliste pendant près d'un an. Il réussit dans ce documentaire, que Le Généraliste a visionné, à dévoiler sans impudeur les dessous d'un désert médical, la souffrance d'une France vieillissante et invisible mais aussi l'indéfectible lien qui lie le praticien et ses patients, majoritairement des personnes âgées.
C'est cette exceptionnelle relation et la volonté de ne pas abandonner ses patients qui empêchent le praticien de prendre sa retraite.
Un dernier espoir
Joint par Le Généraliste, le Dr Laine dit garder l'espoir que la diffusion de ce documentaire entraînera un sursaut. Le médecin a découvert le film avec ses patients lors d'une projection privée à Lure. « J'appréhendais ce moment, de voir ce que le réalisateur avait retenu des 44 heures de tournage dans ces 52 minutes ». Ovationné par ses patients comme sa discrète femme qu'il a tenu à remercier pour son indéfectible soutien, Patrick Laine a vécu une soirée pleine d'émotion.
« Dans ce documentaire, je n'ai pas joué de rôle, je suis resté moi-même », confie le généraliste, résolu à poursuivre son combat pour trouver un successeur.
Pour un service civique
« Je suis déterminé à pousser le cochonnet un peu plus loin », dit le Dr Laine, qui regrette que les politiques n'aient « pas le courage de revenir sur la liberté d'installation ». « Je ne travaille pas pour moi, je travaille pour mes patients, poursuit-il. La France rencontre un problème d'accès aux soins de plus en plus grave, des médecins comme moi jouent la prolongation mais on ne pourra pas continuer à travailler 12 à 15 heures par jour ou nous y laisserons notre peau ! »
Le Dr Laine réclame la création d'un service civique d'un an pour les nouveaux diplômés dans une zone sous dense. « Au nom de quoi les jeunes médecins seraient-ils exemptés des prérogatives que remplissent les instituteurs, les pharmaciens ou les kinés ? », clame le Dr Laine. Le généraliste en appelle à un « sursaut éthique et citoyen de la jeune génération » : « Il y a un malaise, 18 millions de Français n'ont pas accès aux soins aussi facilement que les autres ! »
Le généraliste se dit prêt à lancer une pétition nationale pour savoir s'il faut imposer cette année de service civique aux nouveaux généralistes.
« Notre métier consiste à penser à l'intérêt des malades. J'ai consacré ma vie aux malades. Si on ne fait rien, on va droit dans le mur », conclut-il.
*Le documentaire sera suivi d'un débat avec le réalisateur Olivier Ducray, le Dr Julien Borowczyk (député LREM de la Loire), l'ancien ministre de la Santé Claude Evin et le Dr Philippe Vermesch (président du SML). Il sera rediffusé les jeudi 13 décembre à 00h30 et dimanche 16 décembre à 18h00.
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