Édito

Système D

Publié le 10/05/2019
Edito

Edito

Emmanuel Macron, lors de sa conférence de presse, est resté silencieux sur la santé qui avait pourtant émergé comme un sujet prioritaire du grand débat national. Le chef de l’État a déçu les acteurs du monde médical. Il a aussi mis dans l’embarras la ministre de la Santé. Celle-ci tente, tant bien que mal, depuis quelques jours de répondre aux inquiétudes des élus qui lui reprochent de ne pas revenir sur la liberté d’installation des médecins. Lors d’un déplacement dans la Manche puis dans une interview au JDD, Agnès Buzyn a défendu son action contre les déserts médicaux.

Soyons réalistes, il ne lui sera pas possible de résoudre d’un coup de baguette magique cette difficile équation. Toute une génération de médecins papy-boomers partira à la retraite dans les cinq à dix prochaines années. Beaucoup sans successeur. La hausse de 10 % du numerus clausus (avant sa disparition) n’aura d’effet qu’à long terme. S’il n’arrive pas à arrêter l’hémorragie, le gouvernement ne reste pas les bras ballants : bourses, incitations à l’installation, recrutement de 400 généralistes salariés, déploiement de maisons et centres de santé, création de communautés professionnelles territoriales de santé, remboursement des téléconsultations...

Agnès Buzyn mise sur les délégations aux assistants médicaux et aux infirmières de pratique avancée mais aussi sur la vaccination antigrippale confiée aux pharmaciens. À défaut de compter rapidement sur de nouveaux praticiens, les pouvoirs publics veulent libérer du temps médical aux généralistes qui exercent encore 54 heures par semaine en moyenne, selon la Drees.

Une autre mesure emblématique a été adoptée. Le plafond qui permet aux médecins en retraite active d’être exonérés de cotisations sociales va être doublé et porté à 80 000 euros dans les zones sou-denses. Ne nous y trompons pas, pour préserver l’accès aux soins, le gouvernement est contraint d’employer le système D. Et en attendant la relève, il verrait d’un bon œil que les praticiens en âge de prendre leur retraite jouent la prolongation.

Christophe Gattuso, directeur de la rédaction

Source : lequotidiendumedecin.fr