Le beau livre de Marcel Gauchet échappe à l'esprit du temps où dominent désormais l'invective, la caricature, le cliché. Son Robespierre ne relève pas de la plaidoirie. L'ancien avocat d'Arras en a-t-il besoin? Mais le portrait ici brossé échappe à la fois aux thuriféraires et aux contempteurs d'un des hommes les plus haïs de France. Apparaît une fois enlevée la couche sédimentaire selon l'expression de l'auteur, le héraut des droits de l'Homme, l'homme qui en proclame toutes les promesses, quelles qu'en soient les conséquences. Le lecteur découvre aussi un politique qui est loin de croire de croire à la toute puissance de la politique. Le « bien-vivre » en société exige ainsi le secours de la religion ou de l'être suprème voire dans les premières semaines de révolution, celui d'un roi. Mais comment expliquer la pente vers laquelle Robespierre peu à peu s'engage et le conduit au sein du Comité de salut publique à s'ériger comme maître de la terreur ? Marcel Gauchet avance l'idée défendue alors par Robespierre d'un peuple nécessairement verteux et uni qui ne peut se diviser. Erreur fatale... qui sera reproduite plus tard par le concept d'un prolétariat moteur de l'Histoire. Le mirage s'est dissipé. Mais quel est le nouveau peuple aujourd'hui ?
Robespierre, l'homme qui nous divise le plus, Marcel Gauchet, Ed Gallimard, 278 p, 21 euros.
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