Lorsque les patients atteints d’un cancer de la prostate traité localement et par hormonothérapie échappent à la castration chimique, leur taux de PSA remonte alors que l’évolution de la maladie n’est pas encore visible au scanner ou à la scintigraphie osseuse. Au total, un tiers des patients avec un cancer de la prostate résistant à la castration non métastatique (CPRCnm) développent des métastases au bout de deux ans.
Cependant, il fallait attendre l’apparition des métastases pour proposer un nouveau traitement à ces patients. « Tous les essais thérapeutiques se sont révélés négatifs, nous laissant dans cette impasse jusqu'en 2018 où les études PROSPER et SPARTAN menées avec l'enzalutamide et l'apalutamide ont mis en évidence une réduction du risque de métastases et de décès de 60 à 70 % dans cette situation », explique au Quotidien le Pr Karim Fizazi, oncologue et investigateur principal de l’étude Aramis, Gustave Roussy (Villejuif).
Un gain de 2 ans sans apparition de métastase
L’étude de phase III Aramis a évalué le darolutamide, versus placebo, chez 1 509 patients atteints de CPRCnm, sous traitement anti-androgénique, avec un taux de PSA ≥ 2 ng/ml ou ayant doublé en moins de 10 mois. Présentés en février au congrès américain de cancérologie génito-urinaire puis en mars à celui de l’association européenne d’urologie, les résultats ont mis en évidence une prolongation de près de deux ans de la survie sans métastases (critère principal) sous darolutamide par rapport au placebo : 40,4 versus 18,4 mois (p < 0,001), soit une réduction de 59 % du risque de métastases. De plus, le temps jusqu’à progression du PSA était allongé de 26 mois (33,2 versus 7,3 mois ; p < 0,001). Même s’il est encore trop tôt pour évaluer la survie globale, une tendance se dégage en faveur du darolutamide, avec une réduction de 29 % du risque de décès. De même, le risque d’apparition de douleurs est diminué de 35 %.
Un profil de tolérance favorable
« Le darolutamide ne passe pas la barrière hémato-encéphalique. C’est important concernant les effets indésirables comme la fatigue, à l’origine d'interruption du traitement », note le Dr Kurt Miller, Charité university hospital de Berlin. Ainsi, les effets neuropsychologiques ne sont pas augmentés sous darolutamide (troubles cognitifs, de la mémoire, fatigue, chute, fractures, …) et les effets secondaires sévères sont presque aussi fréquents que sous placebo (25 % sous darolutamide versus 20 % avec le placebo). La fatigue et l’asthénie ont été observées chez 16 % des patients (versus 11 % sous placebo) et les fractures osseuses chez 4 % dans les deux bras. Le profil de tolérance est ainsi meilleur que celui de l'enzalutamide et de l'apalutamide.
Ainsi, chez les patients CPRCnm, « il est essentiel de traiter le plus tôt possible, pour un meilleur bénéfice », conclut le Dr Miller. Quant à l’AMM du darolutamide, une demande est actuellement en cours d’examen aux Etats-Unis et en Europe.
D’après la conférence de presse du laboratoire Bayer, le 18 mars 2019, lors du congrès de l’association européenne d’urologie et l’interview du Pr Karim Fizazi suite au congrès de l’ASCO GU
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