Au début des années quatre-vingt, le cinéma américain produisait encore des films qui n'étaient pas destinés aux seuls teenagers. Ragtime, le grand oeuvre de Milos Forman dans tous les sens du mot (longueur, ambition, résultat) invisible pendant des années est de nouveau disponible grâce à une édition de grande qualité. Et le spectateur d'aujourd'hui ne peut être que nostalgique. Même si le film ne relève pas de la catégorie du chef d'oeuvre, Milos Forman, réalisateur tchèque qui s'est littéralement enfui de son pays, brosse ici une fresque hantée par le désir d'émancipation et l'exigence de dignité au début des années 1900 lorsqu'un nouveau monde s'avérait peut-être possible. Mais lorsque l'on nait noir à cette époque, la revendication d'une justice égale pour tous relève encore de l'impossible, comme l'apprendra à ses dépens un jeune pianiste doté d'un immense talent. Alors face à la surdité des autorités, le terrorisme se révèle comme la seule arme disponible pour se faire entendre. Vous avez dit politiquement correct?
Derrière l'épopée et les destins croisés où l'on rencontre aussi un réalisateur juif et une jeune beauté qui aspire à la liberté se dissimule en fait un désir d'anarchie révélé dans le dialogue entre Milos Forman et Vera Chytilova qui ne cesse de le harceler avant d'éviter les propos convenus. Et dans une scène coupée, leçon de féminisme administrée par une actrice qui jour le rôle de l'anarchiste Emma Golmann. Ici, il n'y a ni bons, ni méchants, simplement des images composées avec raffinement pour éblouir et faire penser (un peu). C'était donc cela le cinéma américain avant Avengers ?
Ragtime de Milos Forman avec James Cagney, 2 DVD ou Blu Ray, 25 euros.
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