Faut-il y voir un symbole ? À l’approche de la journée des droits des femmes ce vendredi, l’Académie française a adopté à une large majorité un avis très médiatisé sur la féminisation des noms de métiers et de fonctions. Longtemps restés arc-boutés sur le masculin à valeur générique, les Immortels estimaient encore il y a cinq ans – un lustre, me direz-vous – que les textes réglementaires devaient respecter strictement la règle de neutralité des fonctions. « L’usage générique du masculin est une règle simple à laquelle il ne doit pas être dérogé dans les décrets, les instructions, les arrêtés et les avis de concours », écrivaient alors les garants de la langue française, encore composés aujourd’hui de 31 hommes et de quatre femmes.
Les temps ont changé. Dans son dernier avis de 20 pages, les académiciens relèvent l’attente d’un nombre croissant de femmes désireuses de voir nommer au féminin la profession qu’elles exercent. Ils constatent « la multiplicité des formes possibles de féminisation et le grand flottement entre les usages existants ». Le sujet, pris très au sérieux, a été l’objet d’une commission de l’Académie (deux hommes, deux femmes). Celle-ci s’est réunie à neuf reprises et a conclu qu’il n’existait « aucun obstacle de principe » à la féminisation des noms de métiers et de professions. On préférera « docteure » à « doctoresse », qui quoique plus perceptible à l’oreille, revêt une nuance dépréciative, précisent les Académiciens.
Il est donc désormais admis que la gent féminine pourra être « professeure », « auteure », « cheffe » ou « maîtresse de conférences ». Ce changement d’usage tombe à pic puisque le corps médical est en passe de devenir paritaire. Mais les Immortels soulignent tout de même que dans certains cas, le caractère tout à fait spécifique de la notion, qui enveloppe une grande part d’abstraction, peut justifier le maintien de la forme masculine, comme pour « poète » ou « médecin ».
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