Pour maintenir une efficacité optimale, le traitement nécessite d’être adapté aux particularités pharmacocinétiques de la femme enceinte (métabolisme hépatique et excrétion rénale augmentés). Les risques en cours de grossesse sont les effets tératogènes durant les deux premiers mois de grossesse, et les troubles fonctionnels soit irréversibles (valproate de sodium), soit transitoires et réversibles, liés à la pharmacodynamique des traitements et responsables d’une imprégnation médicamenteuse puis d’un syndrome de sevrage.
Adapter les doses
Concernant les antidépresseurs, il n’existe pas de risque malformatif pour les tricycliques, les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine ou la venlafaxine. Ils sont par contre à l’origine de symptômes d’imprégnation sérotoninergique ou de syndrome de sevrage chez 30 % des nouveau-nés exposés durablement. Un risque augmenté d’hypertension artérielle pulmonaire transitoire néonatale ou d’apparition de troubles du spectre de l’autisme rapportés par quelques études ne peut pas être établi à ce jour (1). Les doses de ces traitements à métabolisme hépatique nécessitent d’être augmentées, et si l’allaitement est anticipé, la sertraline ou la paroxétine passant faiblement dans le lait maternel, sera choisie.
En cas de symptomatologie anxieuse invalidante, la prescription d’oxazépam parmi les benzodiazépines (pas de métabolite actif et une demi-vie intermédiaire) ou d’hydroxyzine est privilégiée. Les mouvements actifs fœtaux peuvent être diminués et le nouveau-né peut présenter des symptômes d’imprégnation puis de sevrage. Les signes de sédation chez le nouveau-né sont à surveiller en cas d’allaitement.
Surveiller la lithémie
Concernant les traitements thymorégulateurs, en dehors de l’acide valproïque proscrits pendant la grossesse, la lamotrigine et le lithium sont recommandés. Ce dernier peut exposer pendant la période embryonnaire à une augmentation faible du risque de malformations cardiaques le plus souvent réversible (plus rarement une maladie d’Ebstein) dépistées par échocardiographie fœtale entre 22 et 24 semaines d’aménorrhée. Un contrôle mensuel des lithémies et une adaptation des doses sont nécessaires. L’olanzapine peut également être prescrite, notamment si un allaitement est souhaité.
Les traitements antipsychotiques les mieux évalués pour leur absence de risque malformatif sont la chlorpromazine, l’halopéridol, l’olanzapine, puis la rispéridone et la quétiapine. Le nouveau-né peut présenter un syndrome extrapyramidal et/ou atropinique. L’allaitement est possible pour quelques semaines sous traitement à dose modérée.
CH Louis-Mourie (Colombes)
(1) Centre de référence sur les agents tératogènes (CRAT) [www.lecrat.fr]
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