Quel est l’avenir des CHU ?
Avant de penser à la manière de transformer les CHU, il faut au moins affirmer une évidence : nous voulons garder les CHU. Au cours des dernières années, nos établissements ont fait l’objet d'une campagne d’affadissement progressif de toutes les missions dont nous sommes dépositaires. D’autres structures peuvent porter le recours, l’enseignement ou la recherche d’une part et par ailleurs certains CHU ne les remplissent pas… Mais les mots ne recouvrent pas les mêmes notions. Mais les mots ne recouvrent pas les mêmes notions. Nous avons vocation à l’excellence.
Pour autant avec le plan Ma santé 2022, avec la structuration en trois niveaux, les CHU ne seront-ils pas contraints de se limiter à la prise en charge des soins de recours ?
Les CHU doivent-ils se transformer uniquement en plate-forme ultra-sophistiquée complexe, au service d’autres services de soin ou doivent-ils être des établissements qui piloteraient de manière décentrée le parcours général de soin des populations dont ils ont la charge ? Continueront-ils à pratiquer des soins de proximité ? Oui, à la condition qu'à des niveaux de sévérité égale ils soient aussi performants sur le plan financier qu’une structure plus légère dont c’est l’unique mission. Rappelons toutefois les propos de Dominique Le Guludec, présidente de la HAS, invitée à notre congrès français de chirurgie digestive le 22 septembre dernier. « On peut s’interroger sur l’efficience économique systématique qui obérerait in fine les objectifs de pertinence et de qualité des soins… »
Faut-il pour autant conserver le même nombre de CHU ?
La mission « CHU de demain » n’a pas disposé d’assez de temps pour organiser les futurs réseaux de CHU. Nous nous emparons toutefois de ce dossier avec quelques principes : Premièrement, le modèle ne doit pas être unique ; les réseaux de CHU prendront en compte les spécificités géographiques, démographiques, historiques et de compétence. Par exemple, on imagine aisément un réseau de CHU unissant la région Rhône-Alpes. Mais, le CHU de Lyon pèse deux fois plus lourd que ceux de Grenoble, de Saint-Etienne ou de Clermont-Ferrand séparément. À l’inverse dans le Grand Ouest, au sein du réseau HUGO, les CHU ont tous la même dimension. Forcément, ces deux réseaux auraient un mode de fonctionnement différent. Deuxième principe, le redécoupage du territoire en nouvelles grandes régions, réforme majeure de l’aménagement du territoire, peut être le prisme à travers lequel nous devons penser notre organisation. Les universités sont confrontées à ce même défi. Troisièmement, les réseaux seraient animés toutefois par des outils communs qui seraient par exemple une communauté d’anticipation de la ressource démographique mutualisée.
Le rapport de la Cour des comptes suggérait de concentrer la recherche sur un nombre limité de CHU.
Tous les CHU doivent faire de la recherche. Dans une région donnée, la recherche serait coordonnée, avec ou sans un CHU leader, en réseau de CHU pertinents chacun dans un secteur particulier lié à des individus ou à une excellence locale spécifique. Ce serait un pilotage décentré.
Faut-il continuer à sanctuariser au sein de l’université les postes de PU-PH ?
Oui. Ce point ne soulève pas de problème particulier. Les professeurs de médecine présentent simplement une spécificité par rapport à leurs autres collègues. La fonction universitaire est directement connectée à leur activité professionnelle, à savoir le soin. Ce qui n’est pas observé dans d’autres disciplines. En ce qui nous concerne, nous demandons une modularité de la fonction HU dans le temps, dans la carrière d’un individu. Un équilibre à géométrie variable est à créer avec des valences recherche-soins-enseignement. À l’inverse, il serait utile de faire entrer au CHU des universitaires des professions non soignantes.
Comment envisager l’avenir en matière de prise en charge du cancer notamment avec les centres de lutte contre le cancer ?
On ne peut pas rester dans la situation actuelle. Les CLCC doivent à terme être intégrés dans la mouvance des CHU. Les adhérents d’Unicancer souhaitent devenir des hôpitaux universitaires du cancer. Il n’est pas possible de répondre à cette demande car il faudrait envisager une structure juridique nouvelle qui les lie différemment à la convention HU. La majorité d’entre eux a vocation à s’intégrer un jour à un réseau de CHU. Pour autant et au-delà des problèmes techniques, les personnels sont soumis à des statuts différents. Dans notre vision, les CLCC conserveraient leur identité.
*Président de la Conférence nationale des présidents de CME de Chu.
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