L’ouverture de la procréation médicalement assistée aux couples de lesbiennes ou aux femmes célibataires divise. Dans un ouvrage didactique et dépassionné, la journaliste Bénédicte Flye Sainte Marie donne la parole à ses défenseurs et détracteurs. Et aide à mieux comprendre les arguments de chacun.
Le dossier est éminemment sensible, au point que le gouvernement a de nouveau repoussé l’échéance. Engagement d’Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle, l’extension de la PMA aux femmes célibataires ou aux couples de femmes devrait voir le jour avec la révision de la loi de bioéthique d’ici à 2020. Voulue pour mettre fin à une « discrimination », cette évolution médicale est avant tout un épineux sujet de société. Dans « PMA, le grand débat »*, Bénédicte Flye Sainte Marie s’emploie à expliquer posément pourquoi cette réforme divise autant en France alors que presque tous les pays ayant instauré le mariage homosexuel ont adopté dans la foulée la PMA pour toutes. Après un très utile rappel historique, des premières tentatives d’insémination artisanale retrouvées à la fin du XVIIIe siècle jusqu’à la naissance d’Amandine, premier bébé-éprouvette en 1982, la journaliste donne la parole à de nombreux experts. Des médecins (Pr Israël Nisand, Pr Nelly-Achour-Frydman, Dr Serge Hefez), sociologues, juristes, et même une ex-joueuse de l’équipe de France de football, Marinette Pichon, mère de jumeaux nés d’une FIV à l’étranger, relatent leur expérience et partagent leurs convictions…
Une approche pédagogique
Des praticiens défendent l’évolution de la loi pour mettre fin à l’expatriation pendant la grossesse mais aussi pour assister les gynécologues qui aident illégalement ces femmes en France. A contrario, des personnalités comme Sylviane Agacinski, José Bové ou Michel Onfray estiment que l’assistance médicale à la procréation – terme le plus souvent employé par les spécialistes – ne doit pas sortir du champ thérapeutique pour lequel elle a été créée (la PMA est réservée aux couples mixtes en âge de procréer mais biologiquement infertiles ou susceptibles de transmettre une maladie grave). Bénédicte Flye Sainte Marie n’occulte aucun des arguments des antis : l’absence du père, l’inexistence du droit à l’enfant, l’accès aux origines, le coût de la méthode et de son remboursement, la menace d’un nouvel eugénisme ou encore la crainte que la PMA entraîne l’adoption de la gestation pour autrui… Avant que n’éclate à nouveau le débat, ce livre pédagogique s’adresse tout autant aux indécis qu’aux convaincus pétris de certitudes.
* « PMA, le grand débat », B. Flye Sainte Marie, éditions Michalon, 226 p., 18€
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